La secte des Apostoliques

Secte des Apostoliques
La secte des Apostoliques, ou faux Apôtres, a été fondée en 1260, à Parme, en Italie, par un ignorant de faible extraction nommé Gherardo Segarelli (également écrit Segalelli, Sagarelli, Cicarelli), qui s'est efforcé de reproduire la vie des Apôtres. Segarelli demanda d'être admis au couvent des frères franciscains de Parme mais il fut refusé. Alors il créa sa propre secte. Il adopta un manteau blanc et une robe grise, laissa pousser sa barbe et ses cheveux, et porta les sandales et le cordon des franciscains.

Il a vendu sa maison, a donné le prix qu'il en a reçu et a parcouru les rues prêchant la pénitence et la pauvreté apostolique. Salimbene, âpre ennemi de Segarelli, ajouta qu'il distribuait le peu d'argent qu'il possédait et d'habiles coquins profitèrent ainsi de sa naïveté, après quoi il commença à vivre d'aumône et à prêcher, invitant le peuple à la pénitence.

Les apostoliques menaient une vie de jeûnes et de prières, travaillant ou demandant la charité. Ils ne donnaient pas de valeur à la chasteté : la cérémonie d'acceptation de nouveaux disciples prévoyait que publiquement ils se déshabillent nus comme l'avait fait Saint François. Ils prêchaient la désobéissance au pape, la possibilité du prêche ambulant des laïcs, l'imminence de la punition céleste provoquée par la corruption des coutumes ecclésiastiques, la stricte observation des préceptes évangéliques et la pauvreté absolue.

Le mouvement eut un succès certain auprès des humbles de toute l'Émilie et ses disciples les fratres et sorores apostolicae vitae, ou simplement apostoliques, ou minimi, devinrent même plus populaires que les franciscains a tel point que tout ceci ne pouvait plus être toléré par l'Église.
 

La répression des apostoliques

Le pape Grégoire X (1271-1276) ouvrit le 7 mai 1274 le IIe concile de Lyon et désavoua les congrégations religieuses non autorisées et lança une nouvelle croisade. Avec le canon Religionum diversitatem nimiam le concile interdit la constitution d'une quelconque nouvelle congrégation et imposa aux ordres créés après 1215 l'obligation de rejoindre un ordre choisi parmi ceux approuvés. Gherardo Segarelli et les apostoliques refusèrent, provoquant le début de leurs procès pour hérésie.

Cependant la secte s'agrandissait toujours et fut condamnée en 1286 avec la bulle du pape Honorius IV (1285–1287) Olim felicis recordationis. En 1287, le Conseil de Würzburg leur a interdit de continuer leur mode de vie et a interdit aux fidèles de les aider. Segarelli est resté à Parme, a été en prison pendant un certain temps, puis dans le palais de l'évêque Obizzo Sanvitali, où il était considéré comme un objet de divertissement. C'était également son protecteur.

La secte fut condamnée à nouveau en 1290 par le pape Nicolas IV (1288–1292). Honorius IV et Nicolas IV accusèrent les apostoliques d'avoir violé un décret du Deuxième Concile Œcuménique de Lyon en fondant un nouvel ordre mendiant et d'enseignement hérétique. Segarelli a été de nouveau emprisonné en 1294 et condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il réussit à s'échapper mais, ne profitant plus de la protection de Sanvitali devenu évêque de Ravenne, a été repris en 1300. Il fut jugé par l'inquisiteur Manfredo da Parma et a abjuré ses erreurs, mais a rechuté, et les autorités laïques l'ont brûlé à Parme, le 18 juillet 1300. Il compte au nombre des martyrs de la liberté de penser.

Sous la direction de Dulcin

Dulcin, un homme audacieux, médiocre et sans scrupules, a pris le contrôle des faux apôtres. Il publia des manifestes, et rassembla finalement ses partisans se retira avec eux dans les montagnes de Verceil et de Novare, jusqu'en 1306, lorsque Clément V organisa une croisade contre lui. Il a été capturé, son corps brisé et livré aux flammes, et ses disciples écrasés.

Une partie de la secte est réapparue, cependant, en Espagne, en 1315. Jean XXII a pris des mesures contre eux en 1318, et ils sont mentionnés par le concile de Narbonne de 1374. Leur caractéristique dès le départ était une déclaration de retour à la vie, et surtout à la pauvreté, des apôtres.

Les principes de Dulcin étaient : l'imitation de la vie apostolique; la pauvreté devait être absolue, l'obéissance, intérieure; et on s'engageait, quoique sans vœu, à vivre d'aumône. Dulcin a également enseigné que le cours de l'humanité est marqué par quatre périodes :
- celle de l'Ancien Testament;
- celle de Jésus-Christ et des apôtres;
- le commencement avec les papes Sylvestre et Constantin, dans lequel l'Église décline par ambition et amour des richesses;
- l'ère de Segarelli et Dulcin, jusqu'au bout du monde.

Il a prononcé plusieurs fausses prophéties et professé la liberté de pensée. La libre morale a été imputée à cette secte par le franciscain Salimbene (Chronica, 117) et Bernard Gui (Practica inquisitionis hereticæ pravitatis, 339), mais les bulles papales sont muettes sur ce point.


Sources : https://www.newadvent.org/cathen/01647a.htm

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Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le , il y a moins d'un an.