La Sainte-Vehme

Sainte Vehme
Le tribunal occulte de la Sainte-Vehme a terrorisé l'Allemagne à la fin du Moyen-âge. Au nom de Dieu, il infligeait tortures et châtiments avec une sévérité rarement égalée.

Les pendaisons avaient lieu en secret, souvent la nuit. Mais au matin, planté dans le tronc de l'arbre qui avait servi de potence, un couteau avertissait la population du châtiment. Ainsi la Sainte-Vehme signifiait-elle à la population ce qu'il en coûtait de contrevenir à sa loi...

Tout commence au milieu du XIIIe siècle : la mort de Conrad IV, en 1254, ouvre une longue période de troubles dans le Saint Empire romain germanique. Pendant vingt ans, aucun empereur ne peut être désigné à cause d'incessantes querelles entre grandes dynasties. Un affaiblissement du pouvoir central qui se traduit par une forte recrudescence du brigandage, notamment dans la riche Westphalie. A Dortmund, les magistrats de la ville décident alors se substituer aux autorités défaillantes : ainsi naît la confrérie de la Sainte-Vehme – nom à l'étymologie obscure, peut-être issu du vieil allemand vëme, « punition ». Cette société secrète regroupe à l'origine 14 échevins, qui s'improvisent juges pour rendre la justice au nom de Dieu, suivant une loi élaborée par eux et tenue secrète.

 

La potence pour un simple vol

Une fois un délit ou un crime identifié, une sommation à comparaitre est signifiée trois fois à l'accusé, qui dispose de six semaines et trois jours pour rassembler des témoins à décharge. Au terme du procès, généralement tenu en secret, la sentence est immédiatement exécutée. Si les délits mineurs valent des amendes, la Sainte-Vehme ne répugne guère à appliquer la peine capitale, par pendaison, dans tous les cas d'homicides et de crimes sexuels, mais aussi pour hérésie et sorcellerie, parfois même pour de simples vols. Enfin, chacun de ses membres a le droit de faire pendre l'accusé qui n'a pas comparu devant le tribunal...

Or cette vision « sainte » de la justice – charmant tableau auquel s'ajoute l'usage très fréquent de la torture pour obtenir des aveux – va vite faire des émules aux alentours de Dortmund. Bientôt, de semblables tribunaux se mettent en place dans la plupart des villes de Westphalie, où les apprentis juges ne manquent pas : siéger à la Vehme est le meilleur moyen d'y échapper, et, très vite, la place devient lucrative, le pot-de-vin d'un accusé pouvant inciter à la clémence...

Les compétences de ce tribunal sont reconnues par l'Empereur

Au XIVe siècle, le pouvoir de la confrérie culmine : elle compte plus de 100 000 membres (les Wissenden : « ceux qui savent »), est placée sous le patronage de l'archevêque de Cologne, et, en 1371, ses compétences sont même reconnues par l'empereur !

C'est seulement au début du XVIe siècle que Charles Quint, qui incarne le retour de l'autorité impériale, interdit ses activités. La Vehme survit pourtant, et resurgit notamment pendant la terrible Guerre de Trente Ans ; elle ne sera officiellement dissoute qu'en 1811, après l'invasion de l'Allemagne par les armées napoléoniennes, sur ordre de Jérôme Bonaparte, éphémère roi de Westphalie.

Auteur : Texte de Charles Giol, agrégé d'histoire et diplômé du Centre de formation des journalistes, auteur entre autre de : De Jaurès à Hollande. Histoire de France de 1914 à nos jours
Il collabore à différents journaux tels que l'Express, Sciences et Avenir et le Nouvel Obs.

On le voit souvent en compagnie de Caroline Brun, la Présidente de l'Agence Forum News.
Forum News est une agence de presse qui fournit du contenu journalistique clé en mains à la presse écrite, audiovisuelle ou numérique.



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