Le Mithriacisme

Mithra tauroctone
A l’origine du Mithraïsme se situe le Mazdéisme, une religion qui remonte au deuxième millénaire avant J.-C., et qui est en lien étroit avec le Védisme où l’on retrouve le dieu Mitra associé à Varuna. Dans le mazdéisme il semble que ces deux personnalités se condensent sous la seule identité de Mithra, fils d’Ahura-Mazda le dieu suprême. L’évolution des croyances finit par faire de Mithra un dieu majeur en voie de mettre Ahura-Mazda au second plan. Vers le VIème siècle avant J.-C. la réforme du mazdéisme entreprise par Zarathoustra (Zoroastre) rendit à Ahura-Mazda son rôle de dieu majeur.

La réforme de Zarathoustra étant passé, le culte à Mithra ne disparut pas pour autant. Par migration vers la Chaldée où il s’enrichit de la connaissance en astrologie et acquiert une nouvelle identité. Il est très difficile de suivre le cheminement du processus, le mithriacisme est d’avantage le résultat de syncrétismes à tous niveaux, syncrétisme qui auraient conservés son appellation d’origine.


Le dieu né dans une grotte, comme l’étincelle primitive il dissipe au matin l’obscurité de la nuit. Il apparaît sous les traits d’un éphèbe nu coiffé d’un bonnet phrygien. Le symbole du Mithriacisme est la tauroctonie, la mise à mort rituelle du taureau dans la grotte où le ramène le dieu. Du sang du taureau et de sa semence jaillissent les plantes et le animaux, et sous l’animal égorgé scorpions et serpents maléfiques tentent d’empêcher les effets heureux du sacrifice en mordant les testicules de la victime.

Cette régénération s’accomplit sous les yeux d’Hélios entouré des autres dieux et des douze signes du zodiaque.
 

L'arrivée de Mithra en Italie et la structuration du culte

Introduit en Italie par des pirates disséminés dans les provinces du sud les mystères militaires se diffusèrent au sein des légions et ultérieurement dans les petits métiers et les classe sociales moyennes mais rarement dans l’aristocratie. Le culte fait de Mithra un dieu unique qui a définitivement éliminé Ahura-Mazda et même sa parèdre Anahita déesse des sources. Se référant à la doctrine issue de l’Avesta, à la fin des temps surgira un sauveur qui exterminera Ahriman et régénèrera l’univers par le feu (ekpyrosis). Pour ce qui concerne les individus, à la mort, l’âme remonte au travers des planètes et des étoiles fixes retournant ainsi par le chemin pris lors de son incarnation. Dans ce voyage de retour l’âme perd peu à peu toute sa matérialité et finit dans le soleil (ou parfois la lune). Les âmes des impurs en revanche pouvaient revenir et s’incarner dans des animaux.

La secte ne propose pas seulement une eschatologie, mais également une morale. L’éloge de l’endurance, le refus du mensonge et la haine de la fraude, autant de qualités bien vues dans le milieu militaire qui constituait le gros du bataillon de la secte. Le mithriacisme était avant tout interdit aux femmes, même si on signale certains ordres féminins où elles auraient reçu le nom peu élogieux de « Hyènes ».

L’évolution dans la hiérarchie de la secte passait par des grades ésotériques qui ne conféraient pas un sacerdoce mais plutôt construisait une sorte d’échelle de reconnaissance sanctionnant les degrés de savoir.

Les grades dans le mithraïsme

Le premier degré était celui de « Corbeau ». Oiseau de Mithra il apporte les messages, et il est placé sous le signe de Mercure. Venait ensuite le « Fiancé » de dieu, initié par une virile poignée de main pour éviter tout malentendu. Le troisième degré était celui de « Soldat » qui jurait fidélité à la secte. Équipé du glaive et de la besace il était sous le signe de Mars. Le quatrième degré était celui de « Lions ». Les membres de ce niveau devenait administrateurs de la secte et chargés de fonctions liturgiques, et offraient au dieu de l’encens. Au dessus venaient les « Perses ». Rappelant l’origine de la secte, ils étaient gardiens des sources anciennes, et ils tenaient la faucille et un épi de blé. En avant-dernier se trouvaient les « Héliodromes ». Ce sont les proches du Pater des sortes de vicaire. Enfin au sommet de la hiérarchie se situait le « Pater ». Il devait présider au repas de Mithra, et y prononcer les paroles sacrées..

L’organisation des grades marque l’influence de l’astrologie dans le culte. Sans en tirer aucune « colossale finesse » bornons nous à les observer.

Le gade de « Corbeau » est assimilé à Mercure, ce qui est confirmé par la fonction de porteur de message. Mercure, avatar du grec Hermès est le messager des dieux. Il n’a par nature aucune qualité propre, mais reste celui qui en liant les dieux entre eux ouvre la porte à l’intelligence c'est-à-dire à l’interrelation. Cette agilité à fait de mercure-hermès le dieux des voleurs et des marchands.

Le « fiancé » aussi appelé l’époux, est assimilé à Vénus, la planète de l’affectif de l’émotion. Le soldat est en lien avec Mars, le dieu de la guerre avec le glaive sorti des forges qui en temps de paix feront le soc chargé d’ouvrir la terre.

Les « Lions », bizarrement ne sont pas sous le signe du soleil mais de Jupiter, ce qui peut se comprendre du fait que Jupiter-Zeus est le dieu du ciel. Le nom hébreux de Zeus, Tsedek, signifie juste, et Jus en latin signifie « loi ». Ce poste qui administre la secte est donc bien le gardien de la loi, de l’ordre et de la justice.

Les « Perses » sont sous la domination de la lune, marquant la multiplicité des symboles. La lune est la maitresse de la génération. Elle est soumise à des phases lumineuses et obscures. Par elle la lumière revient à espace régulier de l’ombre, comme la renaissance vient après la mort. La lune est Horus à la tête d’épervier, qui nait des restes d’Osiris. Avec sa faucille et son épi de blé, le grade symbolise la récolte après le fauchage, c'est-à-dire le jugement des âmes après leur mort, en d’autres termes la loi de rétribution, le karma.

L’ héliodrome est sous le signe du soleil. Mais nous ne sommes pas sûrs qu’il s’agisse du soleil lui-même qui en l’occurrence ne peut appartenir qu’à Mithra et son représentant symbolique dans la loge, le Pater. C’est plus vers un concept du soleil comme « chien de dieu » ou domini-canis, la semaine dont les jours, les planètes et leur maître le soleil ne sont que les serviteurs de dieu.

Le grade le plus élevé du mithraïsme : le Pater

Bien entendu on se repose la question de savoir pourquoi alors le Pater est en résonances avec Saturne et non avec le soleil. Saturne est en astrologie de gardien du seuil, le lien entre l’essence, le principe immortel et son principe mortel, la matière. Il est aussi le maître du temps, non en assimilation au Chronos orphique dont sont né la durée, les Eons, mais par la symbolique du Cronos sans « H », le Titan fils d’Ouranos et de Gaïa. En effet ce Cronos mangeait ses enfants pour ne pas subir le sort qu’il avait fait subir à son père Ouranos. Au sens absolu se dévoreur d’enfant est bien le temps qui dénature et détruit toute matière. Mais c’est la fonction attribuée au grade qui peut aider à mieux comprendre la logique des symboles. Le Pater est l’ordonnateur du repas, et le repas n’est rien d’autre que la forme évoluée du sacrifice. Le repas rappelle le sacrifice primordial du taureau dont toute vie est issue. Dans le mythe, après avoir exécuté le taureau, Mithra serre la main du soleil en signe de réconciliation après une période de concurrence.

Les grades devraient correspondre aux douze apôtres du christ, mais là nous n’en trouvons que sept. Ceci pourrait s’explique par le fait qu’en dehors des luminaires chaque planète est en rapport avec deux signes. De ce fait le repas serait une sorte de Scène marquant l’aboutissement d’un voyage que l’initié aura accompli au travers des douze signes en apprivoisant la nature des planètes à double face, et des deux luminaires. C’est à l’aboutissement de ce voyage que la chair pourra être abandonnée et que le retour vers le dieu pourra être accompli.

Nous pourrions aller plus loin dans cette symbolique, et même trouver des arguments contraires à tout ce que nous venons d’énoncer. Mais dans les symboles nous n’avons pas la prétention de trouver de vérité révélée, en revanche nous pouvons affirmer qu’ici tout autant qu’ailleurs c’est le voyage qui compte plus que le but.

Le culte du soleil invaincu

Au IIIème siècle sous l’empereur Aurélien, apparut le culte « du soleil invaincu » mélangeant la mythologie d’Apollon et le culte de Mithra. Le 25 décembre était le jour de la naissance du soleil (Dies Natalis Solis) qui donnera plus tard le nom de Natale en italien et Noël en français.

Très concurrencé par le christianisme montant, machistes dans son refus de s’ouvrir aux femmes, impliqué malgré lui dans le jeu politique du moment, le Mithriacisme se voit atteint une première fois lorsque Constantin Ier autorise le culte chrétien. Julien l’Apostat redonne un temps une santé au mouvement, mais ce n’est que la rémission qui annonce la fin.

En 391 l’empereur Théodose fait du christianisme la religion d’état et interdit les cultes païens. Cette fois ce ne seront plus les chrétiens qui seront pourchassés dans leur catacombes, mais les adeptes de Mithra qu’il faudra débusquer dans leur derniers retranchement, les grottes qui avaient donner naissance à leur dieu.


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