Le gothisme

Une fille gothique
Le gothisme et le metal véhiculent un univers noir, sulfureux et parfois violent dont le diable est la référence. Est-ce que, pour autant, les gothics et les métalleux sont tous des adorateurs du Diable, ou, du moins, des « bricoleurs » d’un satanisme syncrétique ? De même, les « Anges de l’Enfer », les Hells Angels, chevauchant de lourdes motos repeintes aux couleurs du Démon, sont-ils tous des croyants adeptes du culte de Satan ?

La mouvance gothique, le courant musical metal et le groupe de motards des Hells Angels font ainsi l’objet de nombreuses interrogations quant à leur proximité avec le phénomène sataniste, tant de la part du grand public que des journalistes ou des responsables politiques. En réalité, gothisme, univers musical metal et contre-culture des « Hells », baignent dans ce que les spécialistes de la question appellent un « imaginaire sataniste », soit un ensemble d’images et de références imprégnées de la thématique et de la symbolique satanistes.

 

L'origine des gothics

Le gothisme est une sous-culture qui apparaît dans les années 70-80, à partir de la mouvance musicale punk et de plusieurs traditions artistiques comme le romantisme noir et le fantastique. Les premiers chanteurs et musiciens gothics (Bauhaus, Joy Division, Virgin Prunes, The Cure, The Sisters of Mercy) développent une esthétique marginale privilégiant la couleur noire et une forte théâtralisation : tatouages, piercings, vêtements noirs, manteaux longs, chaussures montantes, bijoux, maquillage, langage particulier…

Toute une mise en scène ténébreuse, sombre et morbide est ainsi utilisée pour exprimer « une forme de tristesse romantique qui s’autoalimente » et « un dandysme vénéneux qui flirte avec la mort et le soufre ».

Au-delà du courant musical et des musiciens-interprètes, le terme gothic va peu à peu désigner un groupe social arborant cette esthétique si particulière et revendiquant une filiation avec la culture Goth des années soixante-dix.

Les Goths

Sémantiquement parlant, le terme gothic renvoie aux « Goths », un peuple germanique ayant envahi l’Empire romain, et au « gothisme », une architecture médiévale opposée à l’art roman : l’idée de marginalité et d’opposition émerge de ces deux termes, les Goths et le gothisme se définissant en opposition aux dominants politiques et architecturaux européens.

 
Découvrez des témoignages de jeunes gothiques dans cet article du journal catho La Croix qui s'inquiète de l'expansion de ce phénomène.

Mais ces silhouettes androgynes enveloppées de manteaux noirs, arborant des pentagrammes – l’Étoile de Satan – et des croix tête en bas – signe de l’antéchrist – font régulièrement l’objet de l’attention des médias qui relatent l’inquiétude des familles face à ce style susceptible de séduire toujours plus d’adolescents et dont les dérives vers un satanisme plus radical peuvent se révéler dangereuses.

Les gothiques sont-ils des délinquants ?

Cet intérêt pour le gothisme, somme toute récent, s’apprécie à la lecture de l’actualité criminelle et délictuelle (profanations, meurtres, suicides d’adolescents) et de la peur qu’induisent le comportement et l’apparence physique et vestimentaire de ces jeunes, souvent qualifiés, à tort, de « satanistes ». Pourtant, dans la réalité, cette tribu gothic ne trouble guère l’ordre public. Ses membres sont « parfaitement intégrés à la galaxie des jeunes » selon le sociologue Michel Fize, et ne sont dans leur immense majorité, ni délinquants, ni criminels.

Dans un document consultable sur son site, la Miviludes rappelait la nécessité de ne pas confondre « le mouvement gothique (ou gothik) et la mouvance sataniste [...], le gothisme ne conduisant pas systématiquement à la déviance ou à la marginalité ».

Toutefois, son aspect culturel et ses relais médiatiques et commerciaux ne doivent pas faire oublier que le gothisme « reste l’une des portes d’entrée sur le satanisme ». En effet, comme le souligne fréquemment la presse, le gothisme mobilise des thématiques et des symboles proches du satanisme : la tenue noire, le sens du tragique et de la mise en scène, l’attrait pour le romantisme « noir » du XIXe siècle, la quête d’identité et vérité…

Manipulation des personnes les plus faibles

En réalité, le mouvement gothic semble s’inscrire indubitablement dans un imaginaire propice, pour les personnes les plus faibles ou pour celles ressentant le besoin « d’aller plus loin », à la mise en pratique de croyances et de doctrines proprement satanistes. Pour certains experts, le gothisme peut conduire à une « fuite en avant », faisant suite à des événements particuliers (difficultés familiales ou scolaires, sentiment d’échec).

Pour autant, une personne gothic ne se transforme pas en sataniste du jour au lendemain : la marginalisation sociale et la perte de repères sociaux précèdent généralement la métamorphose. Une société qui peine de plus en plus à imposer des limites pousse les jeunes les plus instables à les chercher de plus en plus loin voire à les dépasser.

Source : http://www.derives-sectes.gouv.fr/publications-de-la-miviludes/guides?page=1

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