La religion Winti

Le culte Winti au Surinam
Le Winti est une religion traditionnelle afro-surinamienne originaire d'Amérique du Sud et développé dans l'Empire néerlandais ; ce qui a entraîné le syncrétisme des croyances et des pratiques religieuses des esclaves Akan avec le christianisme et les croyances autochtones de l'Amérique.

La fondation du Winti repose sur trois grands principes :

la croyance dans un créateur suprême appelé Anana Kedyaman Kedyanpon
la croyance en un panthéon des esprits appelés Winti
la vénération des ancêtres.


Mais le plus surprenant est aussi la croyance aux Ampuku (également connu sous le nom Apuku) qui sont des esprits de la forêt anthropomorphes. Un Ampuku peut posséder les personnes (hommes et femmes) et peut également se faire passer pour un autre esprit. Les Ampuku peuvent aussi être des esprits de l'eau. Dans un tel cas ils sont appelés Watra Ampuku.

 

Description du culte Winti

Le culte Winti est décrit par C. Wooding, un expert en Winti, avec ces termes :
«... Une religion afro-américaine, au sein de laquelle la croyance en des êtres surnaturels personnifiées occupe une position centrale. Ces êtres surnaturels personnifiées peuvent prendre possession d'une personne humaine, éteindre leur conscience, pour ainsi dire, et ainsi révéler des choses concernant le passé, le présent et le futur, ainsi que causer et/ou guérir des maladies de nature surnaturelle. »
Un autre expert en Winti, HJM Stephen, décrit le Winti comme ceci :
«... Essentiellement une religion, ce qui signifie que le respect du divin, le culte et la prière sont au centre. De plus, il a un fort aspect magique, qui a souvent été souligné trop unilatérale et injustement. La magie implique l'influence de causes surnaturelles aux événements de la terre. »

Histoire du Winti (selon wikipedia)

Esclave et carcan
Esclave avec un carcan autour du cou
Pendant la période tragique de l'esclavage, les membres de diverses tribus d'Afrique occidentale ont été déportés au Suriname. Ils sont venus de royaumes qui avaient certains aspects religieux en commun, comme la croyance en un créateur suprême, un Dieu, qui vit loin de la population, laissant le monde géré par des divinités ou des esprits qui sont moins puissants que lui, et la croyance en une âme humaine immortelle, en la réincarnation et au culte des ancêtres qui lui est connexe.

Après l'abolition de l'esclavage en 1863, une période d'esclavage économique de dix ans a suivi, connue sous l'appellation de « Période van Staatstoezicht » (la période de contrôle de l'État). La période de supervision de l'État a pris fin en 1873 et a été suivie par une très longue période d'esclavage mental et culturel. Les anciens esclaves et leurs descendants ont été forcés de se convertir au christianisme pendant près de 100 ans (1874-1971). Pratiquer le Winti était interdit par la loi. Les anciens esclaves ont également été forcés de parler néerlandais. L'éducation dans leur propre langue « sranan tongo » était interdite et les enfants n'étaient pas autorisés à parler Sranan Tongo dans les écoles.

Jusque là il n'y a rien d'extraordinaire pour un ancien pays esclavagiste et tout ceci n'apporte rien à l'histoire de la religion Winti que vous attendez tous impatiemment. Merci à wikipedia pour toutes ces informations sans doute très instructives mais complètement inutiles.
 

La « vraie » histoire du Winti

Punition de deux femmes esclaves
Punition de deux femmes esclaves
Les racines culturelles et les sources cultuelles africaines typiques des mouvements syncrétistes afro-américains se retrouvent dans le Winti mais avec une histoire assez originale qui en fait un cas à part.

L'histoire se passe dans une région sauvage, loin de la civilisation : la Guyane. Nous sommes alors en 1663. Des commerçants juifs portugais s'installent au Surinam qui fait alors partie de l'Empire colonial Hollandais. Ils doivent payer une taxe qui est fonction du nombre d'esclaves qu'ils possèdent. On l'appelle la « capitation ». Il s'agit d'un impôt par « tête de pipe ». Prévenus de l'arrivée imminente du percepteur, ils cachent un temps leurs esclaves dans la forêt amazonienne pour éviter de payer l'impôt. Mais les esclaves prirent la fuite et on ne les revit jamais. On ne sait même pas ce qu'il advint d'eux. Pourtant l'histoire ne s'arrête pas là...

En 1712, des marins français pénétrèrent en Guyane hollandaise, faisant fuir les grands propriétaires qui étaient morts de trouille à l'arrivée des terribles français. Ils laissèrent leurs esclaves sur place, voué à eux-mêmes. Ces derniers en profitèrent pour tout piller, en particulier des provisions, avant de s'enfuir à leur tour dans la forêt. Il commençait donc à y avoir pas mal de gens dans cette sombre forêt équatoriale...

Ces esclaves en fuite sont traditionnellement appelés des « nègres marrons ». Expression d'origine espagnole, venant du terme « cimaron » qui désigne un cochon domestique retourné à l’état sauvage. Les marrons vont se regrouper en clans pour survivre dans la jungle. Ils vont devoir affronter les pouvoirs coloniaux pour obtenir finalement à partir de 1760 le fléchissement du gouvernement Surinamien. Ce dernier s'est vu contraint de signer avec ces rebelles des traités de paix qui accordaient désormais aux Nègres marrons un statut légal, dans les bois surinamiens. L'indépendance du Surinam n'est obtenue qu'en 1954. Le Suriname est divisé en « républiques ». Ces républiques sont tout naturellement influencées par les traditions africaines, leurs croyances et leurs rituels.

Les villages marrons

Famille d'esclaves marrons
Le territoire des nègres marrons formait une sorte de tampon entre les colonies européennes, le long des côtes et des fleuves Surinam, Tempati, Commewijne et Maroni, et les tribus indiennes indigènes se trouvant à l’intérieur des terres. Ceci va aboutir à un processus d'une grande confusion. Les esclaves marrons s'organisent en clans et évoluent dans des groupes fermés hétéroclites où ils doivent reconstruire une forme de culture sociale. Ils sont constitué en bandes de hors-la-loi dans le sanctuaire de la forêt. De grandes tribus marrons vont voir le jour, notamment celle de Saramacca située le long du fleuve Surinam. On trouve aussi la tribu des N'Djuka, celle des Matawaai, des Aucas, des Aluku, les Paramacca, ou encore les Poligoudoux et les Bonis. Toutes ces tribus marrons sont appelées du nom de Bosch, ou aussi de Bushinengué (hommes de la forêt).

Des combats armés les ont opposés aux milices coloniales qui les poursuivaient et qu’ils ont repoussées. Les Bosch construisent des villages clandestins et mettent sur pied de petites économies de subsistance qui associaient horticulture, chasse et pêche, alors que par des raids réguliers sur les plantations, ils se procuraient des articles manufacturés (armes, outils et autres objets en métal, tissus, etc.) et de nouvelles recrues, en particulier des femmes. Ils déterminent leurs propres règles de vie. C'est de là que va naitre le culte Winti.

Malgré la disparité des origines ethniques des nègres composant ces tribus, on retrouve quelques similitudes à l'ensemble de ces groupes sociaux. Les marrons ont la même façon de saluer ; beaucoup d'animaux sont tabous ; cérémonies mortuaires avec promenade du cadavre ; croyances aux mêmes divinités ; nommage des bébés par rapport au saint correspondant au jour de naissance... Ce sont autant de traits communs qui sont l'héritage direct de la civilisation africaine Fanti-Ashanti du Ghana et de la civilisation Bantoue d'Angola et du Congo.

Naissance du culte Winti

Ce sont les Saramacca qui ont donné le nom de « winti » au culte naissant de ce mélange ethnique. Les Djukas lui donnèrent le nom de Gattu mais ça représente la même religion.

Les Boshinengués sont des monothéistes et croient en l'existence d'un Dieu suprême Créateur. Mais ce dernier ne peut pas être joignable par l'homme. On ne peut pas l'atteindre. C’est aux « winti » d’assurer le lien en même temps qu'ils ont pour rôle de veiller à la création divine. Ce principe est exactement le même que celui des Orishas.

Ce Dieu porte différents noms :
- Anana
- Nana chez les Aucas (provenance du peuple Agni)
- Masus Gadu chez les Boni (les Fon du Dahomey)
- Nyan Kompon chez les Saramacca (les Fanti-Ashanti du Ghana)
- Tafradjini
- Kadiaman
- Sebentuani
- Sasijemponu

S'il existe des divergences au niveau du nom de Dieu il en existe autant en ce qui concerne les autres divinités et leur hiérarchie. La diversité des peuplades appartenant à ce culte a généré autant de courants les plus divers et il est parfois difficile de dresser un panthéon des esprits. C'est en examinant les croyances et les rituels des Para-créoles « Parans » que l'on retrouve les informations les plus structurées concernant le culte Winti. Pourtant les Parans ne sont pas des nègres marrons, mais des esclaves de la région de Para au Surinam qui ont acquis leur liberté lorsque l’esclavage fut aboli en 1863. Ils sont alors devenus propriétaires de leur maison et de leur plantation avec un droit d’utiliser la forêt pour leur consommation personnelle de bois. Les Parans n'ont donc pas du tout suivi le même parcours que les tribus marrons et pourtant ils partagent avec elles le même culte qui provient sans doute directement d'Afrique. L'hypothèse que ce soit les croyances africaines qui se sont modifiées alors que le Winti est resté intact n'est pas totalement à écarter.

L'âme

Le Winti croit que l'être humain est fait de trois aspects spirituels, le dyodyo, le Kra et le Yorka. Grâce à ces aspects les êtres humains peuvent s'intégrer dans le monde surnaturel. Les dyodyos correspondent à des parents surnaturels qui protègent leurs enfants et peuvent être des esprits supérieurs ou inférieurs. Un couple de dyodyos est constitué d'au moins un winti (divinité). Ils ont reçu l'âme pure, le Kra (ou Akra), directement de Anana et ils l'ont donné à un enfant. Le djodjo est le parent spirituel en relation avec les winti et Anana. Pour Certains il existerait deux Akra, l’un donné par le père, ou man-akra et l’autre par la mère ou unman-akra. Le Kra et le dyodyo déterminent la raison et la mentalité, tandis que les parents biologiques fournissent le sang et le corps physique. Le Kra s’ajoute au Ninseki qui est l'âme d’un ancêtre réincarné. Le Yorka, la troisième partie spirituelle, absorbe les expériences de vie.

Après la mort du corps physique, le Kra remonte au dyodyo et le Yorka va au royaume des morts. Le dyodyo peut confier le Kra à un nouveau né. C’est le djodjo qui veille sur la maturation de l’enfant et l'averti au travers de ses rêves d'un danger à venir.

Le Yorka des êtres bons est inoffensif, mais celui des méchants est dangereux. Même après la mort, le yorka vit dans un état non physique qui reste en contact avec les vivants. Le yorka peut habiter un être vivant lors d’une transe et permettre, comme avec le winti, un contact avec l’au-delà, cependant le yorka n’est pas en relation avec le dieu suprême comme le winti.

Les Panthéons du Winti

La hiérarchie des wintis répond à une logique qui veut que les dieux africains d'origine soient supérieurs aux dieux locaux. Il existe donc trois catégories de dieux :

Les Nengrekondrewinti sont les dieux des pays d’Afrique
Les Indjiwinti sont des dieux locaux (indiens)
Les basrawinti sont des bâtards nés des mariages entre les dieux amérindiens et les dieux africains.

Les Nengrekondre-winti sont des dieux sévères, réservés et exigeants. Ils sont soucieux de la pureté des rituels et sont très susceptibles. Ils occupent le sommet de la hiérarchie dans le panthéon du Winti. Ils pratiquent la médecine et ne s’occupent que des affaires compliquées.

Les Indji-winti sont plus sociables. Ils apprécient la compagnie des hommes. En tant que dieux locaux ils sont spécialisés dans la divination (luku)

Les Basra-winti sont des serviteurs des dieux supérieurs. On leur confie de basses charges, comme par exemple monter la garde autour des villages. C'est également eux qui préparent les potions magiques utilisées en médecine (obia).

On peut également répartir les dieux en fonction de leur lieu de résidence. C'est ainsi qu'il existe quatre panthéons dans le culte Winti :
• 1. Le panthéon de la Terre avec les Goron Winti.
• 2. Le Panthéon de l'eau avec les Watra Winti.
• 3. Le Panthéon de la Forêt avec les Busi Winti.
• 4. Le Pantheon du ciel avec les Tapu Winti.

Certains groupes de marrons distinguent également un cinquième panthéon : le royaume de la mort.

Les noms des divinités peuvent varier en fonction de l'origine ethnique de chaque groupe Winti. Ainsi, dans les origines Ashanti, la terre mère sera Asase au lieu de Aisa. La divinité des eaux sera Tando, du nom d’une rivière africaine, et Opete le dieu des forêts réputé dangereux et aussi appelé kromanti du nom dérivé de la langue « cormantin » parlé au Ghana. Pour les groupes originaires du Dahomey, Masu gadu est le Dieu suprême, Loko devient un dieu installé dans l’arbre fromager, qui est l’autre nom du kapokier, Afrikete legba est le gardien des carrefours, et Dagowe est le serpent. A leur tour, les origines Bantous désignent Zambi ou Zombi comme Dieu suprême…

Le panthéon de la Terre


Les Gronwinti ou Goronwinti ou sjorowenu sont les dieux de la terre. Ils sont réputés marcher sur le serpent. Parmi eux se trouvent les Aisa-winti qui sont les divinités de la terre qui dirigent toujours un Kondre (village et plantations). Toutes le aisa-winti sont femelles. Aisa-fu-kondre est la plus grande des divinités dans son village après Anana. Les Gronwiti sont majoritairement des femelles et leur males sont appelés appelés Tata-Loko résident dans le Kankantri, ou Kapokier. Nous retrouvons ici les « duppies », ou esprits, qui, dans le culte Myal et Obeah de la Jamaïque, habitent le Kapokier, l' « arbre à coton » comme il est appelé dans les Antilles.

Le panthéon de la terre regroupe les divinités suivantes :

• Aisa (Aisa-fu-kondre) / Asase
• Loko
• Fodu
• Luangu
• Goron-Ingi

Le panthéon de l'eau


Les Watrawenu, ou dieux des eaux, résident dans la rivière Para ou ses affluents à l’exclusion de tout autre cours d’eau. Ce sont des Divinités dirigées par les déesses de la terre.

Le panthéon de l'eau est composé des divinités suivantes :

• Watra Ingi
• Watra Kromanti

Le panthéon des forêts


Les Busiwinti sont des dieux qui résident dans les forêts et sont chargés d’enseigner l’art de la chasse et la connaissance des plantes. Les dieux de la forêt sont d'un statut peu élevé. Ils sont délégués par les autres dieux pour servir de sentinelles, d’avertir par les rêves, de soigner ou de punir. Leba est un dieu de la forêt de petit statut qui garde les carrefours, protège les chasseurs et balaye les chemins pour faire place aux winti. Apuku, Adumankama et Bakru sont des farceurs prenant l’apparence de nains. Ils rappellent un peu par leur apparence le Baclou de la Guyane Française. Ils sont experts en préparation de médecines qu’ils utilisent à diverses fins. Akoro est un dieu dangereux, lui aussi déguisé en gnome, et patron des termitières.

On retrouve dans le panthéon des forêts les esprits suivants :

• Busi Ingi
• Ampuku (Apuku)
• Kantasi
• Adumankama
• Bakru
• Akoro
• Leba

Le panthéon du ciel


Les tapuwinti sont les dieux du ciel et se manifestent parfois sous la forme d’oiseau tel que le vautour. Ils sont associés aux dieux du tonnerre et de la guerre. Ces dieux du ciel sont considérés comme des Kromanti winti, c'est-à-dire des dieux issus de la Côte de l’Or (golfe de Guinée) et utilisent les mêmes rituels et le même langage que ceux de leurs origines. Tous les Tapuwinti sont mâles et sont au sommet de la hiérarchie des Dieux.

Les esprits du panthéon du ciel sont ceux-ci dans le culte Winti :

• Opete ou Tata Ananka Yaw
• Sofia-Bada
• Awese
• Aladi
• Gisri
• Tando
• Gebry
• Adjaini

Comment apprendre le Winti ?

Le winti s’obtient exclusivement par héritage familial et se transmet d’homme à homme ou de femme à femme. Il peut aussi être un choix, ou enfin une punition (kunu) infligée à la suite de la transgression d’un tabou ou d’un acte répréhensible. Dans les deux premiers cas nous avons affaire à un winti bienveillant, dans le troisième cas il s’agira d’un winti vengeur et malveillant dont seule l’action d’un lukuman pourra nous débarrasser.

Lors des transes, les winti qui habitent l’adepte sont reconnaissables même par les non initiés. Les djebri sont reconnaissables à leur démarche, les Indji à leur façon de danser, les Fodu au mouvement de leur tête, Tapkromanti aux mouvements des bras.

La magie Winti

La magie est entre les mains de l’Obiaman, et la prêtrise dans celles du Lukuman.

La magie blanche est l’obia et la sorcellerie le wisi. Elle est pratiquée par le wisiman. Les wisiman peuvent mettre des morts à leur disposition comme dans le vaudou (bakru).

Il existe une obia défensive qui protège de l’action des sorcier (tapu) ou offensive (opo ou sabi) destinée à favoriser des amours, des projets ou la fortune.

Les guérisseurs ne travaillent jamais entre le 13 et le 31 décembre. A cette période les winti ne sont pas disponibles car ils sont convoqués chez Anana pour lui rendre compte de leur travail de l’année. Si Anana est satisfait, le winti peut recevoir des pouvoirs complémentaires. En revanche, si le winti n’a pas donné satisfaction il peut ne plus jamais être autorisé à revenir sur terre.


Un site à visiter : fa-cande-so.net

Sources :
Wikipedia
http://avatarpage.net/aframer.html



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