Les Cerdoniens

Cerdon était un enseignant gnostique de la première moitié du deuxième siècle, connu pour être le prédécesseur de Marcion. Il a fondé la secte des cerdonistes (ou cerdoniens).

Epiphane de Salamine et Filastre de Brescia affirment qu'il est originaire de Syrie.

Cerdon (actif vers 136-142) était un Docétien dualiste. On sait que Cerdon a introduit deux premiers principes et deux dieux, un bon et un mauvais ; le dernier créateur du monde. Pour lui, le dieu de rigueur de l'Ancien Testament et le dieu de miséricorde du Nouveau Testament étaient deux entités distinctes. C'est une différence importante que le bon Dieu s'oppose à ce qu'Irénée de Lyon mentionne comme le juste et selon Hippolyte de Rome le mauvais. En outre, Hippolyte de Rome dit qu'il s'appelait Cerdon et qu'il enseignait trois principes de l'univers : γαθὸν, δίκαιον, λην (le bon, le juste et le tout).

Le pseudo-Tertullien dit que Cerdon a rejeté la loi et les prophètes, il a renoncé au créateur, enseignant que le Christ était le fils de la bonne divinité et qu'il n'était pas venu dans la substance de la chair, mais en apparence seulement. Il prétend qu'il n'était pas réellement mort et n'était pas né d'une vierge. Il reconnaissait cependant la seule résurrection de l'âme, niant celle du corps.

Cet auteur, cependant sans le soutien d'autres auteurs, dit que Cerdon a seulement reçu l'évangile de Saint Luc et de façon fragmentaire ; qu'il rejetait les épîtres de Paul et d'autres parties, ainsi que les Actes des apôtres et de l'apocalypse. En fait, cet auteur transfère à Cerdon ce qui avait été attribué à Marcion. Ça n'aide pas pour distinguer les deux.

La doctrine de Cerdon

Doctrine de Cerdon

Cerdon, comme Simon et Saturnin reconnaissait l’existence d’un être suprême qui avait généré des esprits moins parfaits que lui. Mais pour Cerdon, la préoccupation majeure était de comprendre à quel moment cet Être suprême et bon par excellence avait commencé à créer le mal. La seule explication était l’existence de deux principes l’un bon, l’autre mauvais. Cette dualité s’expliquait d’autant plus que si, selon la doctrine de Simon, l’être suprême avait envoyé son Fils unique pour les sauver du mal, comment se faisait-il qu’il n’y soit pas encore parvenu si ce n’est que nous sommes en présence de deux principes séparés, et que de ce fait, le Dieu bon et parfait n’a pas un total pouvoir sur le principe du mal.

Il rejetait donc l'Ancien testament dont le dieu était mauvais. De là à considérer que ces juifs aux pratiques pénibles et à l’histoire douloureuse étaient le produit du mal, et que les chrétiens porteurs d’indulgence et de bienfaisance étaient les représentants du bien il n’y avait qu’un pas. Ce pas, Cerdon le franchit.

Il ne croyait pas non plus à la résurrection des morts. Et il pensait que Jésus n'était né et n'était mort qu'en apparence, n'étant en réalité qu'un être immatériel. Le principe bienfaisant n’avait pu envoyer son Fils pour subir des souffrances qui son contraires à sa nature et ce n’est qu’une apparence de chair qui s’est manifestée en Jésus et non une incarnation.

La fin de Cerdon

Irénée de Lyon dit qu'il est arrivé à Rome pendant l'évêché de Hyginus, qui s'est achevé à 140. On pense donc que Cerdon aurait pu atteindre Rome en 135. Irénée commente qu'à Rome, Cerdon n'avait pas l'intention de fonder une secte en marge de l'église romaine. Au contraire, il semble avoir été publiquement confessé et avoir assisté à des réunions ecclésiastiques. Mais enseignant secrètement sa doctrine, il devait de nouveau l'avouer et se déclarer coupable d'avoir transmis l'hérésie gnostique, ce qui avait conduit à son expulsion de la communauté chrétienne ou à son abandon par sa propre volonté. Le pape Hygin (v. 136-142) condamna sa doctrine et exclut Cerdon de la communauté par excommunication.

Probablement, ses disciples, les cerdonistes (ou cerdonites), rejoignirent bientôt l'école de Marcion, qui déclara être arrivé à Rome et rejoindre Cerdon peu après son arrivée dans la ville.

Apparemment, Cerdon n'a pas laissé d'écrits et rien n'indique non plus que les personnes qui nous ont informé sur sa doctrine savaient qu'elles sont différentes de la manière dont elles ont interprété les enseignements de leurs successeurs marcionistes (ou marcionites). Par conséquent, il n’est pas possible de déterminer avec certitude quelle est la part des enseignements de Marcion qu’ils ont tirés de Cerdon, ni en ce qui concerne les aspects divergents entre les deux. Parmi les auteurs anciens, Hippolyte de Rome, par exemple, ne tente pas de discerner les deux doctrines, et Tertullien, dans son travail contre Marcion, mentionne quatre fois Cerdon, mais précise seulement qu'il est le prédécesseur de Marcion. D'autre part, Irénée, dans « Contre les Hérésies, Livre 1 ; 27; 1 », dit que Cerdon a enseigné que Dieu a prêché dans la loi et que les prophètes n'étaient pas vraiment Dieu le Père ; le premier était le connu, le second étranger ; le premier était juste, le second était bon.

Un certain Cerdon, prit, lui aussi, comme point de départ la doctrine des gens de l'entourage de Simon ; il résida à Rome sous Hygin, le neuvième à détenir la fonction de l'épiscopat par succession à partir des apôtres, et enseigna que le Dieu annoncé par la Loi et les prophètes n'est pas le Père de notre Seigneur Jésus-Christ : car le premier a été connu et le second est inconnaissable, l'un est juste et l'autre est bon.

En revanche, le pseudo-tertullien le représente dans son traité Contre tous les hérétiques  qui fut utilisé plus tard par Filastre et Epiphane.

Pseudo-Tertullien, dans « Adversus Omnes haereses  » (Contre toutes les hérésies), écrit ceci :

Joignez à ces hérétiques un Cerdon qui introduit deux principes, c’est-à-dire deux dieux ; l’un bon et l’autre cruel : le bon est le dieu supérieur ; le cruel, c’est le nôtre, c’est le Créateur du monde. Cerdon rejette la loi et les Prophètes ; il renonce à Dieu le Créateur. Il admet que Jésus-Christ fils du Dieu supérieur est venu ; mais il ne veut pas qu’il se soit montré dans une chair réelle ; il n’exista qu’à l’état de fantôme ; par conséquent il ne souffrit pas véritablement, mais il eut l’air de souffrir. Il ne naquit pas d’une vierge ; ou, pour mieux dire, il ne naquit en aucune manière. Il n’admet que la résurrection de l’âme ; il nie celle du corps. Il ne reconnaît que l’Évangile de Luc ; encore ne le reçoit-il pas dans son intégrité. Il ne prend ni toutes les lettres de l’apôtre Paul, ni dans leur totalité celles qu’il reçoit. Il rejette comme faux les Actes des Apôtres et l’Apocalypse.


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