La Cagoule : complot contre la république

La Cagoule
Les cagoulards
Au milieu des années 1930, la France est au bord de la guerre civile. Le 6 février 1934, des militants des ligues d'extrême droite tentent de prendre d'assaut la Chambre des députés. La répression policière fait de nombreux morts ; la République vacille.

Puis le Front populaire remporte les élections législatives de mai 1936.

Parmi les Camelots du Roi, la frange la plus violente de l'Action française, certains n'entendent pas en rester là. Reprochant leur tiédeur aux leaders du mouvement monarchique et nationaliste, un petit groupe, emmené par l'ingénieur polytechnicien Eugène Deloncle, fait sécession. Antiparlementaires, anticommunistes, antisémites, antirépublicains, ils sont ulcérés lorsque le Front populaire remporte les élections. Décidés à renverser la « Gueuse », cette République abhorrée, Deloncle et ses amis fondent, un mois plus tard, l'Organisation secrète d'action révolutionnaire nationale (Osarn) qui deviendra, à la suite d'une faute d'un informateur, le CSAR (Comité secret d'action révolutionnaire).

Le groupe choisit d'emblée la clandestinité pour mener ses actions terroristes.

Au départ un simple surnom : la Cagoule

Afin de se démarquer de ses anciens militants, l'Action française leur donne le surnom moqueur de « La Cagoule ». Mais, très vite, les « cagoulards » ne font plus rire personne. Un double meurtre, en juin 1937, retient en effet l'attention : les victimes sont les frères Rosselli, intellectuels italiens antifascistes réfugiés à Bagnoles-de-l'Orne. Leur assassinat a été directement commandé à la Cagoule par des dignitaires de l'Italie fasciste, qui fournit le mouvement en fonds et en armes.

Assassinat des frères Rosselli

Déclarant la guerre au Front populaire, la Cagoule, ce groupe d'extrême droite non seulement financé par l'Italie fasciste mais aussi par de grandes entreprises françaises, multiplie assassinats et attentats, jusqu'à planifier un coup d’État.

En France, les cagoulards peuvent en effet compter sur un autre soutien de poids : Eugène Schueller, ami de Deloncle et fondateur de L'Oréal, les finance aussi généreusement. A quoi sert l'argent ? A s'armer et se structurer. Car la société secrète se développe très vite, recrutant parmi les militants des ligues et des partis d'extrême droite dissous.

Un coup d’État déjoué au dernier moment

Marx Dormoy
Dès le milieu de l'année 1937, l'Osarn compte près de 3000 membres, entraînés et organisés de façon militaire. Après un double attentat, le 11 septembre 1937, qui détruit les sièges de la Confédération générale du patronat français et de l'Union des industries et métiers de la métallurgie, dans le quartier de l’Étoile, à Paris – afin de faire croire à un complot communiste –, un coup d’État est programmé pour la nuit du 15 au 16 novembre.

La Cagoule distribue à certains officiers des plans des ministères à envahir, des listes de personnalités de gauche à arrêter... Mais, au dernier moment, craignant que l'armée ne suive pas, Deloncle renonce. Quelques jours plus tard, le ministre de l'Intérieur socialiste Marx Dormoy, qui a réussi à infiltrer l'organisation, ordonne son démantèlement.
 

De grandes entreprises ont financé la Cagoule

Logo Renault
Des centaines de personnes sont arrêtées, des caches d'armes sont découvertes un peu partout en France. Pas de procès spectaculaire, pourtant : l'enquête ayant révélé qu'outre L'Oréal, plusieurs grandes entreprises, dont Renault et Michelin, ont financé la Cagoule. Le Front populaire craint un scandale.

La plupart des cagoulards sont déjà sortis de prison lorsqu'éclate la seconde Guerre mondiale. Beaucoup choisissent la collaboration – dont Deloncle et Joseph Darnand, qui créera la Milice –, certains rejoignent Londres. Un procès général des anciens cagoulards aura finalement lieu, en 1948, mais nombre d'entre eux se sont réfugiés en Espagne franquiste ou se sont acheté une respectabilité. Notamment chez L'Oréal, où Schueller fera de certains d'entre eux des cadres dirigeants.




Auteur : Texte de Charles Giol, agrégé d'histoire et diplômé du Centre de formation des journalistes, auteur entre autre de : De Jaurès à Hollande. Histoire de France de 1914 à nos jours
Il collabore à différents journaux tels que l'Express, Sciences et Avenir et le Nouvel Obs.
On le voit souvent en compagnie de Caroline Brun, la Présidente de l'Agence Forum News.
Forum News est une agence de presse qui fournit du contenu journalistique clé en mains à la presse écrite, audiovisuelle ou numérique.


 
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