Les Ibeji, le culte des jumeaux

Ibeji
Il nous faut aborder un aspect particulier de la vie Yoruba : le culte des Jumeaux ou « Ibeji » (appelé Hoho chez les Fon). Ce culte repose d’abord sur un fait génétique avéré. Nous avons constaté qu’aux USA survenait la naissance de 8 jumeaux pour mille naissances. Chez les yoruba ce rapport est de quarante pour mille, ou encore, dans le monde il nait un jumeau toutes les 80 naissances alors que chez les Yoruba il en nait un toutes les vingt naissances. Une autre façon de se faire une idée est de comparer le taux mondial de naissance gémellaires de 8/1000 avec le taux de la ville nigériane d’Igboora qui est de 150/1000. Ceci est déjà très intriguant.

Depuis longtemps, l’arrivée de jumeaux dans une famille était considérée comme un malheur. Un tel accident ne pouvait s’expliquer que par l’infidélité de la mère car ce phénomène était expliqué par une double paternité (deux pères différents). En pareil cas les enfants, et la mère étaient tués. En effet, les Yoruba croyaient qu'aucun être humain ne pouvait engendrer deux êtres humains à la fois. Donc, ils considéraient les jumeaux comme des êtres mystérieux, surnaturels, qui portaient malheur à leurs familles.


Les conséquences sur la démographie furent telles que les Yoruba durent changer leur façon de voir. Dans ce cas rien de tel qu’un oracle pour dire de faire autrement et vers le milieu du XIXème siècle les jumeaux devinrent des signes positifs revêtus de pouvoir surnaturels. Des fêtes sont organisées à leur naissance et le babalawo les consacre à l’Orisha IBEJI. (IBI = né et UJI = deux). Les jumeaux sont à présent presque considérés comme des demi-dieux.
 

Les jumeaux se partagent une seule âme

La tradition Yoruba veut que les jumeaux ne possèdent qu’une seule âme, unie et inséparable. Ainsi quand l’un d’eux meurt celui qui reste est déséquilibré et se retrouve en danger. De plus la colère du jumeau mort devient une menace pour celui qui reste et sa famille. Pour parer à ces conséquences néfastes la famille consulte le babalawo et fait fabriquer une petite statue en bois qui contiendra l’âme du défunt après que le babalawo ait pratiqué le rituel nécessaire. Cette sculpture servira à protéger celui qui est en vie.

Devenu le gardien de l’âme du jumeau mort, l’Ibeji recevra de sa mère toutes les attentions qu’il aurait eu de son vivant. Elle le traite comme un vivant. Il est lavé, nettoyé et même convié à la tété. Parfois les copeaux des statuettes sont utilisés pour concocter des médecines ce qui explique les abrasions constatées sur ces statuettes.

Si les deux jumeaux meurent il n’est en principe pas utile de leur sculpter des Ibeji. Mais comme ces jumeaux sont pourvus de pouvoir surnaturels supérieurs à ceux des ancêtres « normaux » des figurines seront sculptées pour recevoir les offrandes destinées à s’assurer de la protection des disparus.

Le Taiyewo et le Kehinde

Il est coutumier que le premier né soit appelé Taiyewo ou de façon abrégée Taiwo, Taiye ou Taye, nom qui signifie «le premier à goûter le monde». Le deuxième né s’appelle Kehinde ou « celui qui arrive après ». On dit que Kehinde envoi Taiyewo en éclaireur pour voir comment va la vie dans le monde. Taiyewo communique alors par des cris avec Kehinde pour l’informer si la vie est bonne ou non et ainsi selon les intonations de ces cris Kehinde pourra choisir de venir au monde vivant ou mort. De fait si Kehinde nait en dernier il est considéré comme l’ainé puisque c’est lui qui a exercé son autorité sur Taiyewo en l’envoyant en mission de reconnaissance.

L’attribution d’un nom en fonction de l’ordre des naissances ne s’arrête pas aux seuls jumeaux. Le premier enfant qui naitra à la suite des jumeaux sera appelé quel que soit le sexe, Idowu ou Esu lehin Ibeji ce qui signifie « le polisson qui vient après les jumeaux » parce que les Idowu sont souvent des enfants difficiles. S’il vient d’autres enfants ils seront appelés successivement Alaba, puis Oni, Ola ou Idogbe.

Qui s'occupe des figurines Ibeji ?

On peut souvent observer les figurines transportées par la mère et débordant de sa tunique. Si dans les premières années c’est la mère qui soigne les Ibeji et place les statuettes près de son lit, plus tard ces Ibeji sont déposés dans le sanctuaire familial. Quand la mère meurt, si les deux jumeaux sont aussi décédés, plus personne ne s’occupera des figurines. En revanche s’il reste un jumeau vivant, c’est lui qui prendra en charge la statuette jusqu’à sa propre disparition.

Les Ibeji représentent toujours un adulte, et le sexe est celui du jumeau mort. Ils portent des anneaux autour des poignets et des chevilles ainsi que des colliers des chaines et des boucles d’oreille. Dans une forme de syncrétisme il arrive que des amulettes islamiques soient gravées sur le dos des statuettes.

Au Brésil le culte des jumeaux est syncrétisé avec celui des saints Côme et Damien.

Lectures complémentaires : http://cabinet.auriol.free.fr/Documents/ibeji.htm
Source : http://avatarpage.net



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