CHAPITRE 8 : Les endroits visités par Hénoch

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Les sept archanges et leur fonction

Alors Uriel s'écria :

Voici les Elohim qui ont cohabité avec les femmes, et se sont désigné des chefs ; Qui ont souillé les hommes, multiplié parmi eux les erreurs, au point de leur faire faire des sacrifices aux démons, comme à Dieu. Mais au grand jours, ils seront jugés et ils périront, et leurs femmes avec eux, parce qu'elles se sont laissé séduire sans résistance.  


Et moi, Hénoch, moi seul, j'ai vu la fin de toutes choses, et il n'a été donné à personne de la voir comme moi.

Voici le nom des anges qui veillent :

Uriel, un des saints anges, qui préside aux cris et à la terreur.
Raphaël, un des saint anges, qui préside aux esprits des hommes.
Raguel, un des saint anges, qui unit le monde et les luminaires.
Michael, un des saints anges qui préside à la vertu des hommes, et commande aux nations.
Sarakiel un des saints anges qui préside aux enfants des hommes qui pèchent.
Gabriel, un des saints anges, qui préside sur Ikisat, sur le paradis et sur les chérubins.

Les étoiles enchainées

Je fis ensuite un long circuit pour arriver à un lieu où rien n'était au complet. Je ne vis là ni l'œuvre admirable du ciel élevé, ni la terre et ses merveilles ; ce n'était qu'un désert solitaire et terrible. Là aussi, je vis sept étoiles enchaînées les unes aux autres, comme de grandes montagnes, comme ses feux embrasés. Et je m'écriai à cette vue :

Pour quel crime ces étoiles sont-elles enchaînées ; pourquoi ont-elles été reléguées dans ce lieu ?  

Alors Uriel, un des saints anges qui était avec moi et qui me servait de guide me répondit :

Hénoch, pourquoi cette question ? Pourquoi cette inquiétude, cette anxiété ? Ces étoiles ont transgressé le commandement du Dieu Très-Haut et pour expier leur crime, elle ont été enchaînées dans ce lieu pour un nombre infini de siècles.  

La prison des anges

De là je passai dans un autre lieu de terreur :

Là je vis l'œuvre d'un feu immense, ardent et dévorant, au milieu duquel il y avait une division. Et des colonnes de feu se combattaient entre elles et elles s'enfonçaient dans l'abîme. Et il me fut impossible d'évaluer ni sa grandeur, ni sa hauteur ; je ne pus pas non plus connaître son origine. Et je m'écriai encore à cette vue :

quel lieu terrible qu'il est difficile d'en sonder les mystères.  

Uriel, un des anges qui étaient avec moi, me répondit et me dit :

Hénoch, pourquoi ces alarmes, pourquoi cet étonnement à la vue de ce lieu terrible, à la vue de ce lieu de souffrance ? C'est ici, ajouta-t-il, la prison des anges et ils y seront enfermés à jamais !  

Dans l'antichambre du Jugement

De là, je m'avançai vers un autre lieu, où du côté de l'occident je vis une grande et haute montagne, un rocher escarpé, et quatre réceptacles délicieux. A l'intérieur, ce lieu était profond, spacieux, poli et égal, mais d'une profonde obscurité.

Alors Raphaël, un des saints anges qui m'accompagnait me dit :

Voici les bienheureuses régions où sont rassemblées les esprits, les âmes des morts ; c'est là que doivent se réunir toutes les âmes des enfants des hommes. C'est dans ces lieux qu'elles resteront jusqu'au jour du jugement, jusqu'au temps qui leur est marqué. Or, ce temps sera long à venir, c'est le jour du grand jugement. Et je vis les esprits des enfants des hommes qui étaient morts, et leurs cris accusateurs s'élevaient jusqu'au ciel.  

Alors j'interrogeais Raphaël, l'ange qui m'accompagnait et je lui dis :

De qui est cette voix accusatrice qui monte vers le ciel ?  

Il me répondit :

C'est la voix de l'esprit d'Abel, qui a été tué par son frère Caïn, et qui l'accusera jusqu'à ce que sa race soit exterminée de dessus la face de la terre. Jusqu'à ce que sa race soit effacée d'au milieu des hommes. 

Alors je l'interrogeai sur lui, sur le jugement universel, et je lui dis : pourquoi les uns sont-ils séparés des autres ? Il me répondit : il y a trois classes pour les esprits des morts. Trois classes parmi les esprits des justes. Ces classes sont distinguées par un gouffre, par l'eau et par la lumière qui est sur l'eau. Les pécheurs sont également classés ; après leur mort, ils sont déposés dans la terre si le jugement ne les a pas prévenu de leur vivant. C'est ici que leurs âmes sont enfermées ; c'est ici qu'elles sont en proie à des douleurs intolérables, châtiment de ceux qui sont maudits pour l'éternité, et dont les âmes seront punies et enchaînées à tout jamais.

Et voilà ce qui existe depuis le commencement du monde. Les âmes de ceux qui se plaignent sont séparées de celles qui veillent pour leur ruine, pour leur extermination au jour des péchés. Tel est le séjour destiné aux âmes des hommes injustes et pécheurs, aux âmes de ceux qui ont commis l'iniquité et qui se sont mêlées à la société des impies, auxquels ils ressemblent. Leurs âmes ne seront point anéanties au jour du jugement ; mais enfermées dans ce lieu, elles n'en sortiront jamais. Alors je louai Dieu.

Et je dis :

Béni soit mon Seigneur, le Seigneur de gloire et de justice, le dominateur suprême et éternel. 

Le feu des étoiles

De là j'arrivai dans un autre lieu, du côté de l'occident, aux extrémités de la terre. Où je vis un feu ardent et un mouvement perpétuel, qui roulait nuit et jour, sans jamais s'arrêter. Et j'interrogeai l'ange qui m'accompagnait, et je lui dis :

Qu'est cela ? Pourquoi ce mouvement incessant ?  

Raguel, un des anges qui m'accompagnaient me répondit :

Ce feu ardent, qui se meut sans cesse vers l'occident, est le feu qui embrase tous les luminaires du ciel.

Le Jardin d'Eden

De là je parvins dans un autre lieu, et je vis une montagne de feu brûlant nuit et jour. Dès que j'en fus approché, j'aperçus sept brillantes montagnes, dont l'une était distincte de l'autre. Les pierres dont elles étaient formées étaient belles et étincelantes ; elles brillent et rayonnent à la vue, et leur surface est polie. Il y en avait trois à l'orient, et d'autant plus inébranlables, qu'elles étaient l'une et l'autre ; et il y en avait trois au midi, également inébranlables. Il y avait aussi de profondes vallées mais qui étaient séparées les unes des autres. Au milieu s'élevait la septième montagne. Et toutes ces montagnes apparaissaient au loin comme des trônes majestueux, et elles étaient couronnées d'arbres odoriférants.

Parmi ces arbres, il y en avait un d'une odeur sans cesse renaissante, et tellement suave, qu'il n'y en avait pas un dans le jardin d'Éden qui exhalât un parfum aussi délicieux. Ses feuilles, ses fleurs, son bois, ne se flétrissaient jamais et ses fruits étaient beaux. Ses fruits ressemblaient aux fruits du palmier.

A cette vue, je m'écriai : voilà un arbre admirable à voir ; quelles belles feuilles, quels fruits délicieux. Alors Michel un des saints et glorieux anges qui m'accompagnait, et qui était à leur tête, me redit :

Hénoch, pourquoi ces questions au sujet de l'odeur de cet arbre ? Pourquoi es-tu avide de le connaître ?  

Alors moi, Hénoch, je lui répondis que je voudrais tout savoir, mais surtout ce qui regarde cet arbre.

L'ange me répondit : cette montagne que tu vois, et dont la tête élevée égale en hauteur le trône du seigneur, sera le siège ou se reposera le Seigneur de sainteté et de gloire, le Roi éternel, quand il viendra et descendra pour visiter la terre dans sa bonté.

Quant à cet arbre à la suave odeur, dont le parfum n'a rien de charnel, personne n'y portera la main jusqu'au jour du jugement. Quand les méchants auront été livrés aux tourments éternels, cet arbre sera donné aux justes et aux humbles. Ses fruits seront réservés aux élus. Car la vie sera plantée dans le saint lieu, du côté du septentrion, vers la demeure du Roi éternel. Alors ils se réjouiront et tressailliront d'allégresse, dans le Saint des saints ; une odeur délicieuse pénétrera leurs os, et ils couleront, comme tes ancêtres, une vie longue sur la terre ; et cette vie ne sera troublée ni par les malheurs, ni par les peines, ni par les misères.

Et je louai le Seigneur de gloire le Roi éternel, de ce qu'il avait préparé cet arbre et avait daigné le promettre aux saints.

Voyage au centre de la terre

De là je me dirigeai vers le centre de la terre, et j'aperçus un lieu fortuné et fertile où des arbres poussaient sans cesse des rameaux toujours verts. Là je vis encore une montagne sacrée, et au-dessous, sur le flanc oriental, une eau qui coulait vers le midi. J'aperçus encore vers l'orient une autre montagne, également élevée, placés au milieu de vallées profondes, mais étroites.

L'eau s'écoulait vers la montagne, du côté de sa partie occidentale ; au-dessous s'élevait une autre montagne. Et au pied de cette montagne une vallée étroite, et au milieu d'autres vallées profondes et desséchées vers l'extrémité de ces trois montagnes. Or, toutes ces vallées, qui étaient profondes, mais étroites, se composaient d'un immense rocher, sur lequel un arbre était planté. Et dans mon étonnement j'admirai le rocher et les vallées.

Alors je m'écriai :

Que signifie cette terre bénie, ces arbres élevés, et cette vallée maudite qui les sépare ? 

Et Uriel, un des saints anges qui étaient avec moi, me répondit : cette vallée est maudite d'une malédiction éternelle. C'est ici que seront rassemblés tous ceux qui se servent de leurs langues pour blasphémer Dieu, qui ouvrent la bouche pour maudire sa gloire. C'est ici qu'ils seront rassemblés, c'est ici que sera leur demeure. Dans le jour suprême du jugement, il sera fait d'eux un grand exemple de justice aux yeux de tous les saints ; car ceux-ci obtiendront grâce devant Dieu, et le béniront tous les jours de leur vie comme leur Seigneur et leur Roi. Et ils le célébreront dans ce jour redoutable du jugement, à cause de la clémence qu'il aura fait éclater sur eux.

Alors je me tournai naturellement vers Dieu, et je louai son nom, sa grandeur et sa gloire.

Encore des jardins

De là je me dirigeai du côté de l'orient, vers une montagne qui s'élève au milieu du désert et dont je ne pus apercevoir que la superficie. Elle était couverte d'arbres issus de la semence dont on a parlé, et une eau en descendait. De là une cataracte, composée en apparence de plusieurs autres s'échappait à l'occident et à l'orient. D'un côté s'élevaient des arbres, de l'autre on voyait de l'eau et de la rosée.

Alors je m'avançai vers un autre endroit du désert, vers l'orient de la montagne, de laquelle je m'étais approché. Là j'aperçus des arbres de choix, ceux-là surtout qui produisent les aromates aux suaves odeurs, l'encens, la myrrhe, tous arbres distincts les uns des autres. Il y avait encore en ce lieu, dominant tous ces arbres, une élévation vers l'orient, qui n'était pas éloignée.

Je vis encore un autre endroit, avec des vallées où s'écoulaient des eaux qui ne tarissaient jamais. Je vis un arbre magnifique qui, pour l'odeur, égalait le lentisque. Et sur les flancs de cette vallée j'aperçus le cinnamome au délicieux parfum et je m'avançai vers l'orient.

L'Arbre de la science et le Jardin de la Justice

Alors j'aperçus une autre montagne, remplie d'arbres d'où s'échappait une eau semblable au neketra. Son nom était Sarira et Calbanen. Et sur cette montagne j'en vis une autre sur laquelle s'élevaient les arbres d'Aloès. Ces arbres étaient chargés comme des amandiers et gros, et le fruit qu'ils produisaient surpassait tout parfum.

Après cela, je me tournai du côté du nord et je me mis à en considérer les entrées par dessus les montagnes et j'aperçus sept montagnes couvertes de spic fin, d'arbres odoriférants, de canneliers et de papyrus.

Puis je laissai derrière moi les sommets de ces montagnes et m'avançant vers l'orient, je passai la mer Erythrée. Et quand je l'eusses dépassée, je tournai mes pas vers l'ange Zatael, et je parvins au jardin de la justice. Là je vis entre autre, plusieurs arbres élevés couverts de fleurs. Leurs parfums étaient délicieux, leurs formes variées et élégantes. Il y avait aussi là l'arbre de la science dont les fruits illuminent l'intelligence de celui qui s'en nourrit. Il était semblable au tamarin, et ses fruits d'une beauté remarquable, à des grappes de raisins ; son parfum embaumait les lieux d'alentour. Et je m'écriai : quel bel arbre ! Quel spectacle délicieux ! Alors l'ange Raphaël qui était avec moi, me répondit : ceci est l'arbre de la science, dont ont mangé ton vieux père et ta vieille mère ; ses fruits les ont illuminés, leurs yeux ont été ouverts, et après s'être aperçu qu'ils étaient nus, ils ont été chassés du Paradis terrestre.


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