La vie des prêtres et des prophètes

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Il n'y avait plus d'épreuves désormais pour l'initié. Le temple où on l'introduisait ne ressemblait en rien aux salles et aux galeries souterraines qu'on lui avait fait parcourir, chaque fois qu'il avait dû recevoir un nouveau grade.

Les images des dieux qui ornaient les Manéras et que l'on avait portées processionnellement, après son admission parmi les Prophètes, étaient exclues de ce sanctuaire, que l'on regardait comme le Saint des Saints.


L'assemblée des prêtres

Les prêtres, vêtus avec modestie et d'une manière uniforme, étaient disposés en demi-cercle autour de leur disciple.

L'un d'entre eux prenait la parole, et lui rappelait ce qu'il savait déjà touchant l'unité de Dieu. Puis il ajoutait :

C'est cet Être incompréhensible qui est le moteur et le conservateur de l'univers. Toutes choses retomberaient dans le chaos, s'il cessait de veiller sur l'œuvre de ses mains. La matière est incapable de penser et d'agir.  

Ici l'orateur appuyait de preuves irréfutables chacune de ses affirmations. Puis il continuait ainsi :

Les dieux du peuple ne sont pour nous que des hommes
« devenus célèbres par le courage qu'ils déployèrent ou
« les services qu'ils rendirent à l'humanité. Les prêtres
« se bornent à honorer leur mémoire et à huiler leurs
« vertus. Eu public, nous agissons différemment, parce
« que le vulgaire est incapable de s'élever à la conception
« des grandes vérités dont nous conservons le dépôt.
« Il faut à la multitude des dieux qui frappent ses
« regards et dont elle redoute la puissance mystérieuse.
« Les tyrans ont besoin, eux aussi, d'être maîtrisés par
« la crainte. L'idée d'un être supérieur qui peut non
« seulement les frapper de la foudre, mais encore leur
« infliger des châtiments après leur mort, châtiments
« auxquels rien ne saurait les soustraire, les empêche
« souvent d'abuser de leur puissance et d'opprimer les
« peuples qu'ils ont mission de gouverner.
« Quant à nous, nous croyons qu'il n'y a et qu'il ne
« peut y avoir qu'un Dieu. Nous respectons sa puissance
« et nous lui sommes reconnaissants des bienfaits dont il
« nous comble. Comme il a formé nos cœurs et enrichi
« notre âme de ses facultés, il peut connaître nos sentiments
« les plus intimes et nos pensées les plus secrètes.
« Tout nous dit qu'une partie de nous même, la meilleure,
« échappe aux atteintes de la mort, et qu'il y a par
« delà le tombeau des peines et des récompenses. Aussi
« nous efforçons-nous de conformer nos actes aux notions
« que nous avons du juste.
« Gardons-nous de prêter à Dieu les passions qui nous
« agitent. Ne lui demandons jamais compte de sa conduite
« envers nous. Le lot qu'il nous a départi est assez beau
« pour que nous nous abstenions de toute plainte.
« Sacrifions nos intérêts personnels, s'il le faut, pour
« être utiles à nos semblables. Ne nous laissons pas
« rebuter par l'ingratitude de ceux que nous avons pu obliger.
 

Tels étaient en substance les enseignements que recevaient les initiés, le jour où ils entraient dans la caste sacerdotale.



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