Conclusion


C'est alors que le détective Kendall, impassible, son imperméable bien plié sur le bras, prend la parole :

— Mais, parce que vous vous ennuyiez à mourir dans cette bâtisse, chère Madame. Parce que vous ne saviez quoi inventer pour convaincre le révérend Foyster de quitter les lieux. La réputation que Harry Price avait faite à cette maison était une trop belle occasion. Avec quelle application vous lui avez emboîté le pas ! Car je suis formel, monsieur le maire : il est possible que de joyeux lurons ou de tristes énergumènes se soient déjà déchaînés sur Borley dès la fin du siècle dernier, mais j'accuse le dénommé Harry Price d'avoir été le grand instigateur de cette monstrueuse mystification qui déshonore la réputation de notre île.


L'accusation d'Harry Price

Le crâne chauve de Harry Price, resté assis au milieu des vociférations, se couvre de sueur. Sans pitié, le détective enchaîne :

— La nouvelle direction du Daily Mirror possède depuis longtemps un dossier qu'elle n'a jusqu'alors pas publié. Mais l'affaire prenant aujourd'hui un caractère officiel, je suis chargé de vous le communiquer. Vous y lirez par exemple qu'un journaliste qui a passé trois jours avec vous, Monsieur Price, au presbytère de Borley, après avoir assisté à de nombreux phénomènes bruyants, eut l'idée de vous empoigner par la taille. Il a trouvé vos poches pleines de cailloux et une brique glissée dans votre ceinture. Vous avez été incapable de lui fournir une explication... Le journal a étudié tous les phénomènes et trouvé à chacun une explication. La transformation de l'eau en encre par exemple : rien de plus facile ; il suffit de jeter dans l'eau des pastilles chimiques. Vous me direz que pour cela, il faut une certaine dextérité. Mais vous l'avez, cette dextérité monsieur Price, vous l'avez ! En effet, monsieur le maire, monsieur Harry Price, avant d'être chasseur de fantômes était, devinez quoi... prestidigitateur tout simplement !


Ruines de Borley
Les ruines du presbytère

Les aveux

Comme Price hausse les épaules, le maire lui demande :

— Pourquoi avoir fait ça, monsieur Price ?

Le détective répond à sa place :

— D'une façon ou d'une autre, il faut bien gagner sa vie, monsieur le maire. Les livres, les conférences qu'il a faites à propos du presbytère de Borley, « la maison la plus hantée d'Angleterre » lui ont rapporté une fortune.

— Messieurs... Inutile d'en entendre plus. Nous allons voter, dit alors le maire en s'adressant aux conseillers municipaux.

— Pour le maintien des ruines ?
Personne n'a bougé.

— Pour la destruction ?
Les unes après les autres, toutes les mains se sont levées.

 

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