Le récit du révérend Smith

Affaire du presbytère de Borley

— Avec ma femme, nous y sommes arrivés en octobre 1928, déclare le révérend en se levant. Notre première impression fut sinistre. Les bâtiments étaient aussi incommodes que délabrés. Mais ce qui nous troubla surtout, c'est la réputation qu'avait la maison. Peu crédule de nature, je me suis d'abord attristé de voir nos paroissiens convaincus que le presbytère était hanté. Bien que défiant, je dus pourtant reconnaître que d'étranges bruits de pas résonnaient dans les pièces. Des chuchotements, des sifflements se faisaient entendre à travers les cloisons. Les portes claquaient, les volets s'ouvraient et se fermaient de façon insolite. La nuit, des lumières semblaient s'allumer dans les chambres inoccupées. Mon épouse avait engagé pour les travaux ménagers une jeune fille de seize ans, jeune et rieuse, qui ne craignait heureusement pas les revenants. Elle resta donc à notre service, bien qu'elle vit, de temps à autre sur la pelouse, la silhouette d'une religieuse qui disparaissait à son approche. Un soir, elle aperçut, à quelques pas de la maison, une voiture « à l'ancienne mode » tirée par deux chevaux bais et « semblant traverser les arbres ». Chose plus curieuse encore, un homme sans tête lui apparut derrière un buisson. Elle le poursuivit dans le jardin, mais la vision s'évanouit. Alors j'ai eu l'idée d'alerter le rédacteur en chef du Daily Mirror. Enchanté de trouver un excellent sujet d'article, celui-ci fit aussitôt une publicité formidable à l'affaire. Du coup, des hordes de curieux surgirent. Une compagnie d'autocars organisa des excursions. Fatigué de l'insalubrité de la maison et des incursions quotidiennes des curieux, je décidai de quitter le presbytère pour nous installer ailleurs. Voilà... C'est tout, monsieur le maire.



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