Vampire de Venise
En dépit des efforts ecclésiastiques, les croyances aux retours de trépassés malveillants perdurent. Des
rites magiques permettent aux survivants de se rassurer. Certains visent à empêcher un
« mal-mort » (personne décédée tragiquement) de retrouver son chemin, comme les trajets en zigzag vers le cimetière en
Bretagne. D'autres consistent à entraver ou à bloquer le cadavre dans sa sépulture : avec des pierres ou des fragments d'amphores dans une nécropole grecque du Ve au IIIe siècle av. J.-C., à Passo Marinaro, près de Camarina (sud-est de la Sicile); avec une
brique dans la bouche à Venise au XVI° siècle, voire une faucille (précommuniste) sur le cou ou une pierre entre les dents, dans des tombes des XVIIe et XVIIIe siècles à Drawsko (nord-ouest de la Pologne). On peut y voir la persistance séculaire de la peur des
morts-vivants dangereux, mâcheurs dévorant leur linceul,
vampires,
zombies, qui ont fait l'objet de divers recyclages historiques.
Période de renouveau de la foi, mais aussi des croyances ésotériques, le XIXe siècle gothique a inventé
Dracula, d'après le modèle, dit-on, du cruel
Vlad Tepes, qui combattait les Turcs au XVe siècle et faisait empaler les prisonniers. Mais
Bram Stoker, le créateur du mythe, n'avait jamais visité les Carpates. Il se souvenait sans doute plutôt de
légendes celtiques de son enfance ou de récits horrifiques concernant les pièges diaboliques dont on se prémunit par le signe de croix... et en portant de
l'ail, dont l'odeur repousse les démons.