La magie astrale arabe, la magie des étoiles

Magie astrale
En Islam, la magie se révèle un objet politique et les études sur le fait magique dans les pays musulmans contribuèrent à forger l'image d'un islam plus perméable aux ténèbres de la déraisonnable magie qu'aux lumières de la raison scientifique. La magie arabe est assez riche en secrets occultes et obéit à des règles bien établies.

Quiconque s'intéresse à la magie en Islam rencontrera le nom du célèbre, mais mystérieux, al-Būnī (probablement mort en 1225). Le « noyau historique » des œuvres d'al-Būnī, qu'on peut regrouper sous le nom de « corpus bunianum », constitue une base littéraire concernant cette fameuse magie astrale de l'Islam.

Le Šams al-ma'ārif (traduction : « Le soleil des connaissances et les subtilités des grâces exquises  ») est un grimoire du 13° siècle au sujet de la magie arabe. C'est un manuel de spiritualité ésotérique. Il a été écrit par le soufi Ahmad bin Ali Al-buni en Egypte. Cet ouvrage est généralement considéré comme le manuel le plus influent de ce type du monde arabe et musulman. Il est sans doute aussi important, sinon plus, que le Picatrix.
 
 

Le Šams al-ma'ārif - L'œuvre d'al-Būnī

shams al maarif
Dans la forme contemporaine du livre il se compose de deux volumes : Šams al-ma'ārif al-Kubra (Le « grand » soleil des connaissances ) et Šams al-ma'ārif al-Sughra (Le « petit » soleil des connaissances ), le premier étant le plus grand des deux. Les premiers chapitres introduisent le lecteur aux carrés magiques, et la combinaison de chiffres avec les lettres de l'alphabet qui sont censé apporter l'effet magique. L'auteur insiste sur le fait que c'est le seul moyen de communiquer avec les génies, les anges et les esprits. La table des matières qui a été introduite dans les éditions imprimées ultérieures contient une liste des 40 chapitres non numérotés qui composent l'ouvrage. Toutefois, il semblerait qu'il y ait eu une version qui a circulé, composée de trois volumes indépendants, chacun différent en longueur.

Pour en savoir plus, consultez notre article sur : L’importance des anges dans l’Islam

Ce grimoire populaire s'intéresse à la kabbale islamique, la science des lettres, la numérologie, l'astrologie, l'alchimie, la science talismanique, aux carrés magiques, à la cosmologie mystique, et aux prières et invocations.

Tout en étant populaire, le Šams al-ma'ārif détient aussi la réputation d'avoir été supprimé et interdit pendant une grande partie de l'histoire islamique. Mais il subsiste encore aujourd'hui et il est toujours lu et étudié. De nombreux ordres soufis, tel que l'ordre Naqshbandi-Haqqani, ont reconnu sa légitimité et l'utilisent comme un recueil pour l'occulte et le tiennent en haute estime.

Un autre titre du même auteur, Manba 'Usul al-Hikmah ( « La Source des Principes fondamentaux de la Sagesse  »), est considéré comme un texte d'accompagnement.

Les origines du Šams al-ma'ārif

L'examen du texte dévoile des emprunts à des ouvrages mystiques comme la Risāla d'al-Qušayrī, des traités de science des lettres comme la Risālat al-Ḥurūf attribuée à Sahl al-Tustarī, mais aussi à des ouvrages mystiques, plus tardifs, sur l'ésotérisme syrien du VII°/XIII° siècle ou le soufisme maghrébin de la même époque. À côté de ces ouvrages mystiques, la théologie, les recueils de hadith et l'exégèse coranique ont également fourni un matériau dense. Ces sources sont articulées de façon à introduire de façon thématique les éléments les plus conformes à une image épurée de la religion avant d'en développer les aspects les plus ésotériques.

Magie des étoiles
Le second aspect marquant du Šams al-ma'ārif est son contenu proprement « magique ». La magie juive et la kabbale hébraïque ont à ce titre donné de nombreux éléments dans la mesure où l'on retrouve des noms d'origine juive dans les pratiques magiques de l'ensemble du bassin méditerranéen. Le Sefer Raziel et les ouvrages de Nahmanide semblent avoir eu un impact essentiel sur le développement des éléments magiques dans le Šams al-ma'ārif. La magie astrale, tant juive que musulmane, a également été mise à contribution et conformée avec les préceptes de la science des lettres : par exemple, si Ibn Masarra avait constaté que les lettres de l'alphabet étaient vingt-huit, comme les mansions lunaires, le Šams al-ma'ārif établit les correspondances entre les lettres, les mansions lunaires, les noms des entités spirituelles qui les représentent et les répartit également selon les douze signes du Zodiaque. Les sept planètes sont associées aux sept jours de la semaine et aux sept versets de la première sourate ou aux sept lettres absentes de cette même sourate, développant une lecture astrologique de certains versets coraniques. L'angélologie ainsi présentée est difficile à retracer : si des noms sont d'origine juive, grecque ou mésopotamienne, la langue arabe fut également à la base de nombreux noms et détourna la symbolique de noms préexistants. La langue arabe est également exploitée dans le cadre des carrés magiques : alors qu'ils se composent, théoriquement, de nombres arrangés de manière harmonieuse, le Šams al-ma'ārif propose des carrés imitant le style des carrés magiques mais contenant des lettres séparées formant des noms divins ou des mots magiques. Enfin, un long passage est consacré à l'alchimie et à la préparation de l'or. L'ensemble de ces aspects permet d'affirmer que le Šams al-ma'ārif n'est pas un simple ouvrage de mystique ésotérique, mais bien une compilation sur les sciences occultes et la magie.
 

La magie sīmiyāʾ

Al-Būnī est réputé faire de la sīmiyāʾ et non du siḥr, et cette différence tempère nettement la condamnation dont la magie est l'objet dans la jurisprudence islamique. Au contraire, sīmiyāʾ viendrait des termes hébreux sīm et yah et signifierait « le nom de Dieu ». Une telle étymologie fait du magicien usant des lettres arabes et des beaux noms de Dieu l'héritier de toute la tradition ésotérique judéo-chrétienne. C'est en ce sens qu'il faut comprendre cette tradition magique : elle repose sur une l'idée qu'une connaissance intime du divin permet d'infléchir le destin en sa faveur tout en s'inscrivant dans la volonté de Dieu et non en rébellion contre l'ordre divin.

Les bases de la magie astrale

La magie arabe médiévale s'articule autour de deux grands axes :
1) l'héritage hellénistique (c'est le cas principalement de la magie astrale),
2) le soufisme et la religion musulmane (c'est le cas de la magie coranique, de la magie des lettres, des beaux noms de Dieu et de l'utilisation prophylactique du Coran).

En réalité, ces deux catégories de magie arabe ne s'opposent pas l'une à l'autre : elles connurent tout simplement leur plein développement à des époques différentes et ne s'excluent pas.

Magie des étoiles arabe
La magie astrale s'est pleinement développée lors de la période de traduction des œuvres grecques et perses en arabe. Les connaissances astrologiques des Grecs, des Indiens, des Mésopotamiens étaient alors à l'honneur.


Le concept de « Sagesse » (rendu par ḥikma en arabe) servait à désigner cette connaissance métaphysique du monde transcendant le temps, l'espace et les différences culturelles et religieuses. La « Sagesse », universelle, établissait la continuité entre la pensée grecque et la pensée islamique. C'est cette « Sagesse » universelle qui est le fondement des œuvres d'al-Maǧrīṭī sur l'alchimie (Rutbat al-ḥakīm : Le degré du Sage ) et sur la magie (Ġāyat al-ḥakīm : Le but du Sage ).

Comme toute pratique occulte, la magie a ses limites. Certains praticiens tentent toujours de repousser ces limites en faisant appel à la magie hermétique. Dans les pays arabes, on constate des spécificités propres à la magie arabe.

On peut ajouter que la kabbale hébraïque et la magie juive ont également apporté de nombreux éléments à la magie arabe.

Magie des étoiles


La magie des étoiles

Magie Astrale - Shams al maarif de al Buni
La magie des étoiles est le fondement des arts de la magie dans les terres arabes et les terres de l’Islam. La magie astrale est liée aux douze signes du zodiaque associés au soleil et à la lune.

Tandis que la magie hermétique est puissante et large dans sa propre voie, la magie arabe possède des domaines d’application qui lui sont propres et qui lui amènent toute sa puissance.

C’est le pouvoir des deux forces astrales (le soleil et la lune) qui exercent une influence sur les choses, les animaux et les hommes. Différentes sortes de magie peuvent être créées par l’association d’une des deux forces astrales avec l'un des signes du zodiaque en particulier.

La magie astrale peut s'utiliser notamment pour changer la nature d’une personne à sa naissance. Elle entre également dans divers méthodes de divination. Sur la plan pratique, on peut s'en servir pour soigner des malades, y-compris des maladies mentales. La magie astrale permet en effet de modifier la mentalité d’un être humain afin qu’il soit plus positif.


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Sources :
La magie islamique et le corpus bunianum au Moyen Âge par Jean-Charles Coulon




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