Histoire de la création des Golems

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La création d'anthropoïdes artificiels faisait partie des premières couches de la magie. Certains d'entre eux étaient de simples automates, d'autres des statues qui parlaient et seuls quelques-uns étaient des entités dotées de capacités spirituelles. On rencontre ces choses dans les traditions égyptiennes, romaines et patristiques. Il existe également d'autres phénomènes similaires – comme les statues vivantes chinoises – mais qui doivent rester hors scope de cette étude sur les golem hébraïques car il n'y a aucun lien entre la civilisation chinoise et les civilisations du Proche-Orient.


Les croyances de l'Égypte antique

Les petites figurines, généralement en cire ou en argile, faisaient partie intégrante des pratiques magiques égyptiennes. À une certaine phase du « développement » de ces figures, elles ont été désignées comme ushabti, un terme que l'on peut traduire par « répondeur ». La statue, située dans le cercueil, était conçue comme capable de « répondre » à la place des morts, au moment où le défunt était appelé par les Dieux pour accomplir un certain travail. Ainsi, ces figurines minuscules étaient considérées comme des statues vivantes, capables d’accomplir certaines tâches et de répondre. Ce rôle de « réponse » semble être particulièrement important pour comprendre le passage classique de la tradition talmudique traitant de la création d'un anthropoïde.

Une autre caractéristique intrigante de certains de ces ushabti sont les inscriptions (rituels magiques) sur leur torse. Les correspondances entre lettres et membres joueront un rôle important dans les techniques juives de création d’anthropoïdes. Bien que cette affinité soit très générale, elle peut refléter une ancienne source commune de correspondance entre langage et organisme qui peut nous conduire au rite de la transmission du Nom de Dieu.

La création d'anthropoïdes au Moyen-Âge

Selon plusieurs versions médiévales de la création de l'anthropoïde, cette créature apparaît lorsque le mot « emet », la vérité, est écrit sur son front. Toutes ces versions sont du haut Moyen Âge et on ne connait aucune ancienne tradition juive liée à ce détail. Néanmoins, il semble que le fait que ce mot apparaisse sur le front soit extrêmement important pour établir l’ancienneté de la source de la légende du Golem. Il faut également préciser que Emet est l'un des noms de Dieu, ce qui nous lie à nouveau au rite de la transmission du Nom de Dieu.

Les anthropoïdes dans la tradition grecque

D'après un vieux dicton juif :

La vérité a un locus standi, tandis que la fausseté n'a pas de fondement  

Selon une ancienne fable de Phèdre sur Prométhée et Dolus, intitulée « De Veritas et Mendacio », Prométhée a fabriqué la Vérité, une anthropoïde en argile fine. Ce personnage a été copié par son apprenti, Dolus, le rusé. Cependant, ce dernier n'avait pas assez de matériel pour terminer la copie de Vérité, et sa silhouette restait sans pieds. Après que les deux statues eurent été cuites et que la vie leur eut été insufflée, la vérité fut capable de marcher, alors que la copie n'avait pas cette faculté car elle n'avait pas de pieds ; c'est la raison pour laquelle la copie imparfaite a été dénommée Fausseté.

Il convient de rappeler que, selon la mythologie grecque, Prométhée est le titan qui a créé le premier homme, et la création de la « Vérité » fait probablement partie de ses efforts pour établir une société meilleure guidée par la vérité.

La similitude entre le dicton juif et la description grecque de la fausseté est frappante : la conception du mensonge comme un manque de pieds suffit pour assumer une certaine relation entre les deux discussions. Cependant, les érudits qui ont mis en évidence l’affinité surprenante entre ces textes ont ignoré la similitude entre le contexte dans lequel le dicton est apparu dans les discussions respectives : dans la fable grecque, il est lié à la fabrication d’une entité artificielle alors que dans le sources hébraïques médiévales La vérité est écrite sur le front d'un anthropoïde, qui devait apparemment marcher, du moins selon le passage talmudique. Ainsi, deux aspects de la fable grecque peuvent être trouvés dans des contextes distincts dans différentes sources hébraïques, l’une ancienne et l’autre médiévale. Ces sources ont néanmoins quelque chose en commun, car elles traitent du mot « emet ».

L' hypothèse la plus probable concernant la présence des deux éléments dans des sources juives distinctes est qu'une tradition similaire à celle héritée de Phèdre, apparemment d'origine grecque, et probablement antérieure à la composition de la fable à Rome au premier siècle de notre ère, était connu par les maîtres juifs palestiniens. Le fait que seule une partie de la fausseté ait été intégrée dans le matériel juif ancien peut indiquer que l'histoire entière était déjà connue des Juifs dans l'Antiquité, bien que la partie liée à la Vérité n'ait pas été écrite, pour des raisons inconnue. La création par Prométhée de la Vérité à partir de l'argile et lui avoir insufflé la respiration ont peut-être rappelé à certains Juifs la création de l'homme à partir de la poussière et lui avoir insufflé la vie par Dieu.


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