Les différentes versions du Picatrix

Ghâyat al-hakîm
La Ghâyat al-hakîm a été écrit, semble-t-il, par le même auteur que la Rutbat al-hakîm, un manuel d'alchimie. On attribue ces deux ouvrages à Maslama Al-Majriti, un mathématicien hispano-arabe mort entre 1005 et 1008. Mais pourtant, la Rutbat al-hakîm serait datée de 1047-1051. La Ghâyat al-hakîm daterait quant à elle de 1051-1057. C'est donc complètement incompatible avec l'existence de l'auteur présumé. Ça fait partie du mystère qui entoure ce grimoire.


Un recueil de textes en arabe

La Ghâyat al-hakîm est une compilation de 400 pages de plus de 200 écrits sur l'astrologie, l'astronomie, l'alchimie et la magie (y compris la magie noire). On y trouve également une bonne dose de philosophie inspirée des grands philosophes grecs (Platon, Aristote, ...). Il fait aussi référence à l'Inde et à ses pratiques ésotériques. Le tout est réparti en quatre volumes d'environ 100 pages chacun.

Une version en castillan a été réalisée entre 1256 et 1258 mais il n'en reste presque rien.

Une traduction en latin

C'est à partir de cette version en espagnol, donc après 1256, que vit le jour la traduction latine sous le nom de « Picatrix » (qui viendrait de Picatriz, le pseudonyme de al-Majriti). La version en latin du Picatrix n'est donc pas une traduction de l'original en arabe.

Une page de la Ghayat al-hakim

De nombreuses traductions récentes

Au 17° siècle une traduction en a été effectuée en italien. On en trouve un exemplaire à la British Library de Londres. Une nouvelle traduction du latin à l'italien date de 1999. La version latine a sans doute été traduite dans d'autres langues européennes et même retraduite en arabe depuis le texte latin.

Après la redécouverte du manuscrit arabe en 1920, l'édition du texte arabe est faite par Hellmut Ritter en 1933.

Il faut ensuite attendre 1962 pour découvrir la traduction de l'arabe à l'allemand dans l'édition Picatrix : Das Ziel des Weisen. Une réédition de ce livre de 435 pages a été réalisée en 1978.

Il existe une version espagnole de 1982, traduite de l'arabe.

En 1986, l'Anglais David Pingree sort une nouvelle version en latin commentée et annotée (en anglais) à partir de l'édition latine : Picatrix, the Latin Version of the Ghayat al-hakim.

En 2002 sort une version traduite de l'arabe à l'anglais par l'américain Hashem Atallah. Une autre version sortira en 2008, toujours en anglais.

La première version française

Il faut finalement attendre 2003 pour découvrir la première édition française, traduite de la version latine : Picatrix. Un traité de magie médiéval, par Béatrice Bakhouche, Frédéric Fauquier et Brigitte Pérez-Jean. Cette traduction a reçu un accueil très sévère auprès des universitaires médiévistes, lui reprochant de traduire le vocabulaire technique d'un Moyen Âge arabo-latin comme ses équivalents antiques, et une introduction relativement peu convaincante de par leur méconnaissance de la magie.

De nouvelles traductions anglaises

En 2010 une nouvelle traduction anglaise annotée est réalisée par John Michael Greer et Christopher Warnock, depuis le texte en latin. Une version « Illustrated Color Picatrix » est éditée avec les illustrations de Nigel Jackson. D'autres versions sont éditées (voir la page : http://www.renaissanceastrology.com/picatrix.html) :
Liber Atratus
Illustrated Picatrix (noir et blanc)
Liber Viridis, Green Magic edition
Liber Rubeus
Liber Rubeus Illustrated

Nous n'en sommes donc qu'à la redécouverte de cette œuvre du Moyen-âge qui a pourtant connu un réel succès pendant la renaissance.


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