La véritable histoire de Dracula

L'histoire se déroule en Valachie en 1456, trois ans après la chute de Constantinople. Le vampirisme de Dracula, comme le montrent les livres et les films modernes, est une invention occidentale. Les légendes de vampires, les gens de ce temps là, au XVe siècle, les voyaient dans toute leur peur et leur horreur sans bénéficier d'aucun recul. La magie est très réelle et s'éloigne fortement de la fiction. De nos jours on en est presque arrivé à aimer les vampires, à leur porter de la compassion, presque un culte. Beaucoup d'acteurs jouant des rôles de vampires sont très sympathiques et les femmes vampires sont toujours très sexy. On est bien loin de la vieille sorcière au nez crochu et aux dents pourries. C'est toujours la jeune bombe sexuelle à forte poitrine et aux longues canines pointues. Mais en ce temps là les vampires ne suscitaient aucun désir sexuel car ils faisaient tout simplement partie de la vie (ou de la terreur) de tous les jours.


Mais pour mieux comprendre voyons un peu quel était le climat politique de l'époque. Quelles ont été les circonstances qui ont conduit Vlad Tepes à devenir ce qu'il a été ?

Prince sacré de la Valachie

Vlad Tepes - Dracula
Prince de Valachie
Né en 1431 (ou 1436) à Targoviste (la capitale), Vlad était le fils d'un noble issu de l'aristocratie Valaque également nommé Vlad (par la suite surnommé « Vlad l'Ancien »). La légende situe sa naissance à Sighișoara, ville de Transylvanie, mais c'est une légende. On y présente sa soi-disant maison natale. Il est probable que le jeune Vlad soit allé en Allemagne quand il n'était encore qu'un nourrisson, lorsque l'empereur du Saint-Empire Romain Germanique, Sigismond, a intronisé son père dans l'Ordre du Dragon. Cette société féodale s'est engagée à combattre les Turcs sans repos et sans se rendre, et Vlad l'Ancien a pris cette responsabilité très au sérieux - du moins au début.

Il faut savoir que l'Europe chrétienne est menacée par la poussée de l'Empire Ottoman qui déferlent dans les Balkans. Les régions qui se situent entre les deux empires constituent le dernier rempart de la chrétienté contre les musulmans et sont le théâtre de batailles acharnées.

Dracul, ou « le dragon », qui signifie aussi « le diable » en roumain, est une société équivalente à celle de l'Ordre de Templiers. Ce sont en quelque sorte des mercenaires qui vont luter sans relâche contre l'ennemi musulman. Au fur et à mesure que le jeune Vlad devenait homme, il est devenu « The Little Dragon » ou « Dracula ».

Vlad avait deux frères plus jeunes (des demi-frères), Radu « le Généreux » et Mircea (plus connu sous le nom de Vlad IV « le moine »), et un frère aîné qu'il adorait, également nommé Mircea. Au moins un des garçons a servi comme page à la cour de l'empereur byzantin Jean VIII Paléologue (frère aîné de l'empereur byzantin Constantin).

Vlad le Dragon : traitrise et retournement de situation

Vlad Dracul, le père, a combattu les Turcs à plusieurs reprises au cours des années 1430 mais a senti le vent tourner en leur faveur. En 1438, il a changé de camp et s'est battu aux côtés du sultan turc Murad II. Mais Vlad semble avoir mené la guerre sans son feu habituel, si bien qu'il fut soupçonné par les turcs d'être un traitre. Les agents du sultan ont emprisonné le prince et l'ont forcé à remettre ses fils Vlad et Radu comme otages pour s'assurer de sa loyauté. Libéré, Vlad Dracul aurait alors abandonné ses fils et rejoint la croisade hongroise de Janos Hunyadi contre les Turcs et, avec son fils aîné, Mircea, aurait combattu les Ottomans lors de plusieurs campagnes. D'autres sources, telles que wikipedia, prétendent que Janos Hunyadi, prince de Transylvanie et gouverneur de Hongrie, entreprend en 1446 une expédition punitive contre Vlad II, considéré comme traître à l'Ordre du Dragon. Vlad aurait été capturé et tué à Bǎlteni, avec son premier fils Mircea II le Jeune.

Il n'a pas eu de chance car dans un camp comme dans l'autre on le considérait comme un traitre.

Les années de captivité

Lors de leurs années de captivité, les deux jeunes garçons ont appris à parler et à lire le turc et ont reçu une éducation approfondie à la fois à la cour ottomane à Bursa et sur le champ de bataille aux côtés du sultan. Malgré la trahison (ou pas) de leur père, Murad n'a pas fait d'eux des otages mais les a considéré comme des hôtes princiers.

Les deux frères n'ont pourtant pas suivi le même parcours. Radu en est venu à s'identifier à ses ravisseurs turcs et il se pris d'amitié pour le Sultan Mehmet Fatikh. Vlad, au contraire, les a détestés, bien qu'il ait apprécié les leçons militaires, et c'est là qu'il en est arrivé à connaître et à apprécier l'art de l'empalement.

En 1444, les nations chrétiennes réunies ont fait leur dernière tentative de concert pour jeter les Turcs hors d'Europe. La coalition des Vénitiens, des Génois, des Serbes, des Valaques, des Hongrois et des Albanais a remporté des victoires répétées et a mis les Ottomans en fuite. Mais au port bulgare de Varna, la chance chrétienne a disparu, et les Turcs ont anéanti l'armée alliée. Les généraux ont commencé à bavarder, et Vlad l'Ancien et Hunyadi sont tombés.

Vlad, probablement avec raison, a blâmé le général hongrois pour la défaite chrétienne. En colère, Hunyadi l'a assassiné et a installé le cousin de Vlad, Dan, sur le trône Valaque. Les nobles Valaques Pro-Hunyadi ont traîné Mircea Le Jeune jusqu'à la capitale de la Valachie, Targoviste, l'ont torturé et l'ont enterré vivant à côté de son père. C'est comme cela que ça s'est passé et non lors d'une campagne militaire punitive.

La fuite en Moldavie et le retour sur le trône (de fer)

Les Turcs ont répondu en renversant le prétendant et en imposant leur otage, Vlad Dracula, qui a tenu moins de deux mois avant que le clan rival des Danesti ne s'empare du trône. Vlad a fui vers la cour de son cousin Stephen, le prince de Moldavie. Il n'est pas retourné chez les Turcs.

À ce stade, les sources divergent. Tous conviennent que Vlad a dû quitter son refuge en Moldavie après qu'un coup d'état ait brièvement renversé son protecteur Stephen. La plupart considèrent qu'il s'est mis aux côtés de Janos Hunyadi, apprenant auprès de lui la stratégie militaire et luttant contre les Turcs. Cependant, Vlad est connu pour avoir gardé une rancune sérieuse contre Hunyadi pour le meurtre de son père et surtout pour celui de son frère Mircea. Sa fureur lors la mort de Mircea pourrait bien l'avoir déchaîné. Certaines sources affirment qu'il est allé se joindre à son jeune frère, Radu, resté avec les turcs. Pendant le siège turc de Constantinople, il a peut-être combattu aux côtés des janissaires avec lesquels il s'était formé étant adolescent, et c'est la prémisse des derniers jours de Constantinople.

En 1456, Vlad renversa le prince rival Danesti, Vladislav II, et continua à empaler les gens joyeusement. Les meurtriers de Mircea auraient été les premiers à en souffrir, mais ils étaient loin d'être les derniers.

Le règne de la terreur

Dracula
Le règne de la terreur a duré six ans, jusqu'à ce qu'une armée turque ait finalement vaincu Vlad et mis Radu à sa place comme nouveau prince. Pendant l'intervalle, Vlad a pris un rôle de premier plan dans les plans chrétiens de reprendre Constantinople, en rejoignant la coalition des Polonais, des Hongrois, des Vénitiens et d'autres. À la tête de ses Valaques, il a capturé la forteresse turque de Giurgiu et envoyé les 23 809 nez de la garnison au roi Matthias de Hongrie comme preuve de sa détermination. Vlad avait beaucoup appris de ses hôtes turcs, et son armée avait l'un des trains de siège les plus sophistiqués et le corps d'ingénieurs militaires des plus qualifiés. Les armées de Vlad attaquaient souvent la nuit. C'est peut-être de là que vient l'un des mythes des vampires qui ne peuvent supporter la lumière du soleil.

Les Valaques ont traversé le Danube jusqu'à la mer Noire, faisant tomber plusieurs forteresses turques et enlevant des villes et des villages. Le sultan turc a répondu avec une invasion massive de la Valachie, obligeant Vlad à se retirer.

Incapable de résister aux Turcs en bataille ouverte, Vlad a recouru à des tactiques de terre brûlée, y compris avec des entraves massives de paysans. Destiné à effrayer les Turcs, ceux-ci enflammaient plutôt les hommes du sultan, qui étaient alors victimes de maladies colportées par les cadavres en décomposition. Vlad a montré de véritables compétences militaires, mais une réticence totale à déléguer l'autorité. Il ne pouvait faire confiance à aucun de ses nobles hors de sa vue. L'assaut de nuit audacieux mené par l'Empaleur lui-même a presque tué le Sultan Mehmed, mais il a marqué le point culminant de la campagne de Vlad. Les Valaques ont abandonné leur capitale et Vlad a fui dans le désert de Transylvanie.

Séjour en prison

À un moment donné, la femme de Vlad s'est trouvée désespérée par les faibles chances d'évasion de la famille et s'est jetée du haut d'une falaise rocheuse jusqu'à trouver la mort en s'écrasant avec fracas sur les rochers. Les chroniques n'indiquent pas son nom, et Vlad semble avoir été moins intéressé par sa perte que par ses maitresses. Lorsque les jeunes bien-aimées de Vlad ont été tuées lors d'une escarmouche avec les Turcs, le prince a perdu une grande partie de sa volonté de se battre. Il s'est rendu à la miséricorde de Matthias, et le roi hongrois a répondu en balançant Vlad en prison à Visegrad dans le nord de la Bosnie, une ville qui était connue pour ses horreurs.

Pendant son séjour en prison, Vlad a rencontré Matthias et semble avoir charmé le souverain hongrois. En 1474, le roi a libéré Vlad de la prison et l'a marié à sa fille, signalant que les troupes hongroises aideraient Vlad à reprendre son trône.

Une lutte fratricide

De retour à la maison en Valachie, Radu avait cédé le contrôle à un prince rival Danesti appelé Basarab Laiota l'Ancien, et les deux hommes ont échangé leur place à plusieurs reprises. Après s'être battu avec Matthias lors d'une croisade anti-turque en Croatie, Vlad a convaincu son nouveau beau-père qu'il était l'homme pour diriger la lutte contre les Turcs. Soutenu par des mercenaires hongrois payés en plus des troupes hongroises et moldaves, Vlad est entré dans ses anciens domaines. Sa coalition a vaincu les troupes de Radu aux portes de la nouvelle capitale, Bucarest, et Vlad a pris le contrôle de la Valachie une fois de plus.

Les choses se sont effondrées rapidement, les Hongrois et les Moldaves sont partis. La plupart des partisans Valaques de Vlad l'ont abandonné, et seulement 200 vétérans moldaves laissés par le cousin de Vlad, Stephen, en tant que garde du corps sont restés fidèles au prince.

Moins de deux mois après son dernier couronnement, Vlad voyait une nouvelle armée turque juste à l'extérieur de Bucarest. Une fois de plus, les Turcs avaient fomenté de mettre Radu sur le trône de Valachie. Sans aucune chance d'embaucher les mercenaires qui avaient été l'épine dorsale de son ancien pouvoir militaire, Vlad a dû implorer les très nobles chevaliers et les seigneurs féodaux de résister à l'attaque. Au cours de la bataille, plusieurs seigneurs de Valachie et leurs troupes se sont détourné de leur prince. Les Moldaves se sont battus furieusement pour défendre Vlad, mais un déserteur Valaque a transpercé l'Empaleur avec une lance. C'est sans doute de là que vient le mythe de tuer les vampires avec un pieu planté dans le cœur. Malgré sa blessure mortelle, Vlad a réussi à tuer cinq de ses assaillants avant de s'effondrer en sang. À un moment donné, les Turcs ou les Valaques lui ont coupé la tête, et elle fut envoyée à Constantinople. Après avoir confirmé l'identité de la tête et l'avoir exposée pendant quelques jours, Mehmet a remis le trophée à ses janissaires. Les soldats l'ont utilisé pour jouer au kickball - une forme archaïque de football populaire chez les Turcs. Un coup particulièrement vigoureux l'a envoyé par dessus les têtes des joueurs tout droit dans le Bosphore, le bras de mer flanquant le parade janissaire. C'est ainsi que la tête de Vlad Tepes, alias le comte Dracula, était perdue à jamais dans les eaux du Bosphore. Nous étions en 1476.

Les descendants de Vlad ont dominé la Valachie pendant encore 200 ans, mais pas particulièrement bien. Les princes de sa lignée incluaient ses fils Vlad Tepeles (« le petit Empaleur ») et Mihnea (« le mauvais »), ainsi que Peter, Lame, Mihnea, Islamisé et Alexander (« le Cocon ») avant que les Turcs ne les remplacent finalement par une famille de courtisans grecs en grande faveur avec le sultan.
 

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