Les procès pour empoisonnements et la Cour des Poisons

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En 1676, après l'exécution de la marquise de Brinvilliers le 17 juillet, suite à sa condamnation à mort pour empoisonnements de son père et de ses deux frères, les enquêteurs découvrent tout un monde de tireuses de cartes, magiciennes, sorcières, devineresses, avorteuses, empoisonneuses, sorciers et prêtres défroqués qui trafique et vendent philtres et poisons à des acheteurs issus de toutes les classes de la société, de la noblesse de cour au menu peuple.



Le 5 décembre 1677, le lieutenant de police Gabriel-Nicolas de La Reynie fait arrêter, à Paris, Louis de Vanens, gentilhomme de Provence et homme de cour, qu’il croit être un espion. Les papiers qu'on trouve chez le suspect révèlent l'existence d'une bande d'alchimistes, de faux monnayeurs et de prostituées, à laquelle sont mêlés des gens du monde et quelques prêtres ; Vanens est alors considéré comme sataniste.


Début 1679, le lieutenant de police fait arrêter la dame Vigoureux et une dénommée Marie Bosse, avec ses enfants. Marie Bosse apprend à ses interrogateurs qu'il y a, à Paris, plus de 400 devineresses et magiciens qui « perdent bien du monde, surtout des femmes ».


Le 12 mars, à la Villeneuve-sur-Gravois, la police arrête Catherine Deshayes, épouse Monvoisin, alias la Voisin ; le 17, c’est le tour de son principal auxiliaire, le magicien Adam Coeuret, dit Dubuisson, le faux abbé Le Sage.


Le 7 avril 1679 le roi créé une commission spéciale, la Chambre ardente dite « Cour des Poisons » qui siège à l'Arsenal. Trois cent soixante-sept personnes comparaissent. Les interrogatoires aboutissent rapidement à la mise en cause de personnalités de plus en plus proches du roi et de Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan. La Voisin, principale accusée, est soupçonnée d'empoisonnements, d'avortements, de participation à des messes noires. Soumise à la question ordinaire, elle avoue tout, mais se refuse à parler de Madame de Montespan, la maîtresse du roi.



Le 22 février 1680, Catherine Deshayes épouse Monvoisin, dite la Voisin, est brûlée à Paris, place de Grève. Elle a été condamnée au bûcher pour avoir fourni du poison. Compromise avec la Vigoureux dans l’affaire des Poisons appelés poudres de succession en 1679, elle aurait fourni à la duchesse de Montespan des aphrodisiaques administrés au roi à son insu (mais peut-être aussi du poison) et pratiqué la sorcellerie, influencée par le magicien Le Sage et complice de l’abbé Guibourg, ancien aumônier du comte de Montgomery, pour ses messes noires. Elle aurait participé à l’égorgement d’enfants en bas âge ; elle a avoué avoir « brûlé dans le four, ou enterré dans son jardin, les corps de plus de 2 500 enfants nés avant terme ».


La Chambre ardente aura tenu 210 séances, lancé 319 décrets d’arrestation, fait incarcérer 194 personnes, prononcé 104 jugements dont 36 condamnations à mort, 4 aux galères, 34 au bannissement et 30 acquittements ; Le Sage, l'abbé Guibourg et Marguerite Monvoisin échapperont au bûcher.


L’édit du 30 août 1682 interdit toutes pratiques de magie noire ou divination et réglemente sévèrement les manipulations de produits pharmaceutiques ; les sorciers sont chassés du royaume de France ; la charge d’astrologue du roi est supprimée.


En 1691, un arrêt de mort est prononcé contre huit bergers de Pacy-en-Brie, accusés d'avoir jeté un sort sur leurs troupeaux.



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