La chasse aux sorcières s'intensifie

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Luther, condamné par l’Édit de Worms le 26 mai 1521, est hébergé par Jean-Frédéric de Saxe dans le château de Wartburg où il demeure jusqu’au 6 mars 1522 sous le pseudonyme de « chevalier Georges ». Un jour que le Diable vient, une fois de plus, le tourmenter, l’empêchant de travailler à la traduction de la Bible, il lance son encrier contre lui, occasionnant ainsi une tache sur le mur, laquelle est encore visible aujourd’hui. Pour les démonologues, c'est le démon Caym qui aurait eu une discussion avec Luther.



Le 17 avril 1529, en place de Grève à Paris, le Chevalier Louis de Berquin (dont les livres ont été brûlés), correspondant et traducteur de Érasme, accusé d’hérésie est étranglé au poteau, puis son corps est brûlé.


En 1532, Charles-Quint promulgue la Constitutio Criminalis Carolina codifiant le droit pénal et le droit judiciaire criminel applicables dans l’Empire romain et germanique et comprenant trois passages relatifs à la sorcellerie.


En 1536 et 1550, les conciles de Cologne condamnent à l'excommunication les membres du clergé qui s'adonnent à la sorcellerie.


En 1538, le concile de Trêves livre à l'official ceux qui usent des arts divinatoires ou qui adorent Satan.


En 1545, l'abbesse d'un couvent de Cordoue, Madeleine de La Croix, est accusée du crime de sorcellerie et n'échappe à la mort qu'en obtenant sa grâce du pape Paul III.


Nantes en 1549 et Poitiers en 1564 voient brûler plusieurs sorciers.


En 1551, Jean de Mansencal, premier président du Parlement de Toulouse, écrit un ouvrage intitulé De la vérité et autorité de la justice en la correction et punition des maléfices.


La même année, à Louvain, Josse de Damhouder, le juriste le plus écouté de son temps aux Pays-Bas traite de la sorcellerie dans sa Praxis rerum criminalium.


Le 27 octobre 1553, Michel Servet, théologien et médecin, est brûlé vif à Genève. Le bois étant humide, son supplice dure trois quarts d'heure.


Sous Charles IX (1560-1574), un prétendu sorcier, nommé Trois-Echelles, condamné à mourir sur la place de Grève et à qui on promet sa grâce s'il dénonce ses complices, déclare qu’il y a 100 000 sorciers en France dont 30 000 à Paris.


En 1562, en Allemagne, 300 personnes sont brûlées vives pour sorcellerie à Oppenau, 63 femmes à Wiesensteig et 54 à Obermachtal.


Jean de Wier, dans son traité intitulé De praestigiis daemonum (1564), estime qu’il y a plus de sorcières que de sorciers à cause de « l'emprise qu'a le diable sur le sexe féminin, lequel est inconstant, à raison de sa complexion, de légère croyance, malicieux, impatient, mélancolique, pour ne pouvoir commander à ses affections, et principalement les vieilles débiles, stupides et d'esprit chancelant ».


Le 24 mai 1564, Jean Calvin, l'un des initiateurs de la Réforme protestante, recommande fortement la chasse aux sorcières qu'il accuse d'être responsables des maladies (telles que la peste) et leur exécution.


En 1565, le concile de Cambrai défend aux fidèles de chercher dans la magie la guérison des personnes et des animaux et excommunie ceux qui, sous quelque motif que ce soit, se livrent aux arts défendus.


En mai 1571, 21 sorcières sont brûlées à Genève.


Le 10 novembre 1571, Anne Hendricks est conduite au bûcher à Amsterdam. On remplit sa bouche de poudre à canon, l'attache sur une échelle et la précipite dans un brasier.


En 1573, le Français Gilles Garnier admet avoir assassiné plusieurs enfants, dont les corps ont été découverts mutilés et à moitié dévorés : il a déchiqueté des enfants avec ses griffes et les a dévorés. Il affirme être un loup-garou ; c'est un démon qui lui a appris à se changer en loup en se frottant le corps d’un onguent. Il admet qu’il aime manger de la chair humaine... et qu’il a les mêmes inclinaisons anormales qu'il soit dans son état d’être humain ou dans celui de loup.


En 1577, le parlement de Toulouse condamne 400 cents femmes, marquées, dit-on, des stigmates du démon.


En 1580, Jean Bodin, jurisconsulte et favori d'Henri III, publie De la démonomanie des sorciers ; il raconte des histoires diaboliques pour justifier l’envoi des sorciers au bûcher. Jean Bodin estime qu'il y a 50 sorcières pour un seul sorcier.


Le concile de Reims de 1583 excommunie les sorciers « qui font pacte avec le diable, qui empêchent les relations sexuelles, qui pratiquent l'envoûtement et prétendent guérir par le pouvoir de Satan ».


En 1585, le concile de Liège dénonce comme hérétiques et dignes du feu ceux qui se livrent à la magie.


Le 5 janvier 1586, la bulle Cœli et terrae de Sixte V condamne la pratique de la magie : elle précise que les sorciers acquièrent leur pouvoir en passant un pacte avec l'enfer. Elle bannit la divination du christianisme et sépare l'astrologie de la théologie.


En 1589 on raconte que Catherine de Médicis portait, sur l'estomac, en guise de protection, une peau d'enfant égorgé parsemée de figures et de caractères cabalistiques. Elle entretenait auprès d'elle une troupe d'astrologues, alchimistes, mages et sorciers, dont Cosme Ruggieri, son conseiller florentin, confectionneur de figurine d’envoûtement.


Le 13 juin 1590, au sujet des gamins et des fillettes convaincus de sorcellerie, l'évêque de Tournai ordonne de :

premièrement bien catéchiser et instruire et, par après, induire à bonne contrition et abomination d'un exécrable péché, puis après les envoyer à la confesse et d'en user aussi des exorcismes, s'il est besoin.  


Les synodes de Montauban (1594) et Montpellier (1598) condamnent le « nouement de l'aiguillette » et en excommunient les auteurs.


En 1599, dans ses Six livres de discussions magiques, le jésuite Martin Del Rio affirme qu’en matière de sorcellerie, tous les témoignages sont acceptables pour soumettre un suspect à la torture.


Entre la fin du XVIe siècle et le milieu du XVIIe, environ 100 000 personnes (la plupart des femmes), condamnés par des tribunaux laïcs, sont brûlés pour sorcellerie dans le Sud de l’Allemagne, particulièrement dans la région de Trêves.


En 1604, le concile de Namur interdit l'usage des livres traitant de magie et excommunie ceux qui pratiquent le « nouement de l'aiguillette ».


Lors de son procès en sorcellerie, Madeleine des Aymards, quinze ans, raconte au lieutenant général criminel de Riom, en Auvergne, le sabbat auquel elle a assisté plusieurs fois en 1606.


Le 14 août 1606, François de Nobilibus, moine franciscain, est condamné au bûcher par le Parlement de Grenoble pour des pratiques de sorcellerie ; il est pendu avant d'être brûlé avec ses livres, amulettes, parchemins, effigies, aiguilles, etc.


En 1607, le concile de Malines, après avoir condamné les sorciers et les devins, mande aux juges ecclésiastiques et exhorte les juges laïques de châtier de l'exil ceux qui y ont recours.


Dans un livre publié à Lyon en 1609, Bocquet, chef du tribunal du chapitre de l'abbaye de Saint-Claude (Jura), se vante d'avoir fait brûler 600 sorcières dans l'espace de 10 ans et dans le seul pays de Saint-Claude.


Entre 1608 et 1610, Pierre de Lancre, juge de Bordeaux, mène une longue enquête sur la sorcellerie dans le Labourd (région de Bayonne) dont il tirera en 1612 son fameux Traité de l'inconstance des mauvais anges et des démons. Jeannette d'Abadie, qui n'avait que seize ans lorsqu'elle fut conduite au sabbat par une certaine Gratiane, lui confie « qu'elle y vit le diable en forme d'homme noir et hideux, avec six cornes en la tête, parfois huit, et une grande queue derrière, un visage devant et un autre derrière la tête, comme on peint le dieu Janus, que ladite Gratiane l'ayant présentée, reçut une grande poignée d'or en récompense, puis la fit renoncer et renier son Créateur, la Sainte Vierge, les saints, le baptême, père, mère, parents, le ciel, la terre et tout ce qui est au monde, laquelle renonciation elle lui faisait renouveler toutes les fois qu'elle allait au sabbat, puis elle l'allait baiser au derrière ».


En 1610, le concile de Metz réprouve ceux qui usent de l'Eucharistie, de reliques ou d'images saintes en vue de maléficier.


1611, le 2 janvier, débute en Hongrie le procès de la comtesse sanglante, Erzsébet (Elisabeth) Bathory, et de quatre serviteurs complices, qui dure 5 jours. Arrêtés le 29 décembre 1610, sur ordre du roi Matthias, par le comte Gyorgy Thurzo (dont les hommes ont trouvé une fille morte, une mourante, une blessée et d’autres enfermées), les accusés sont : Erzsébet Bathory, Janos Ujvari (Ficzko), Jo Ilona, Dorottya Szentes (Dorko) et Katalin Beniezky. Tous sauf Bathory (qui s’enferme dans un mutisme total) avouent les crimes et tortures. La comtesse, qui s'adonnait à la magie noire, envoyait ses complices trouver et ramener des jeunes filles au château pour les sacrifier afin de boire leur sang ou de se baigner dedans (le nombre de jeunes filles torturées et tuées reste indéterminé ; on en a mentionné une centaine). Bathory était persuadée que le sang des jeunes filles, accompagné de rituels adaptés, allait ralentir sa vieillesse et maintenir sa beauté. Jo Ilona, Ficzko, Dorko et Katalin Beniezky sont condamnés à la décapitation et exécutés. Le 17 avril, Bathory est condamnée à être emmurée dans sa chambre (avec juste une ouverture permettant de lui transmettre de la nourriture) où elle meurt le 21 août 1614. La légende en a fait un vampire.


En 1611, Louis Gaufridy, curé de Notre-Dame des Accoules à Marseille, après avoir subi les questions ordinaire et extraordinaire, est condamné pour avoir introduit le démon dans un couvent d'ursulines : il est brûlé vif le 30 avril.


En 1611, le 6 juin, en Navarre, l'Inquisition frappe sévèrement une secte de plus de 12 000 adeptes qui « adorent le démon, lui élèvent des autels et traitent familièrement avec lui à tout propos ».


De 1611 à 1618, à Ellwangen, petit territoire catholique dans le Sud-ouest de l'Allemagne, 400 personnes sont condamnées puis exécutées au cours d'une des plus importantes chasses aux sorcières de l'histoire européenne (sans compter la Suisse).


Le 20 août 1612, exécution des sorcières de Pendle à Lancaster en Angleterre.


En 1615, la chasse aux sorcières atteint le petit village suisse de Golion (Vaud) : sur ses 200 habitants, 25 seront brûlés vifs pour sorcellerie sur une période de 16 ans.


Le 8 juillet 1617, Léonora Galigaï (épouse de Concino Concini, marquis d’Ancre et maréchal), accusée de judaïsme, de magie, de sortilèges (notamment d’avoir ensorcelé la reine mère, Marie de Médicis, dont elle était l’amie et la femme de chambre) et condamnée comme sorcière malgré ses dénégations, est décapitée puis brûlée en place de Grève.


En 1619, à Bordeaux, Pierre de Lancre, préside une commission qui, dans une seule année, fait conduire au supplice 500 prétendus sorciers.


En 1620, procès des sorciers de Nérac.


En 1622, le médecin Poirot est accusé d'avoir ensorcelé une grande dame à Nancy.


Urbain VIII, pape de 1623 à 1644, demande aux juges de faire preuve de discernement.


1631 : le concile de Cambrai excommunie ceux qui consultent les devins.


8 avril 1634, procès en sorcellerie d'Adrien Bouchard et de ses complices devant le Parlement de Paris.


Le 18 août 1634, Urbain Grandier, curé libertin de Saint-Pierre de Loudun (Vienne) depuis juillet 1617 et auteur d'un traité contre le célibat des prêtres et d'un pamphlet contre Richelieu, qui a toujours juré être innocent (même sous la torture), est brûlé vif pour crime de sorcellerie suite à l’affaire des "possédées de Loudun" (23 religieuses ursulines). Urbain Grandier fut notamment condamné pour avoir mis enceinte la fille de Louis Trincant, procureur du Roi à Loudun et proche du chanoine Mignon, le confesseur du couvent des Ursulines. Malgré l'exécution, la "possession" continue. En mars 1643, suite au témoignage du démon Léviathan, Madeleine Bavent est accusée de sorcellerie : elle est dépouillée du voile et condamnée à la prison à vie dans les geôles de l’Officialité (elle sera la seule religieuse reconnue responsable).


En 1638, les statuts de Narbonne établissent la hiérarchie suivante : magiciens, devins, enchanteurs, sorciers.



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